Burundi: La commission d’enquête de l’ONU dénonce des crimes contre l’humanité

Le rapport de la commission d’enquête des Nations unies sur le Burundi, rendu public lundi, est accablant contre les autorités, accusées d’abus « généralisés ou systématiques » contre les civils, dont quelque 400 000 ont été contraints de fuir le pays.

Fatsah Ouguergouz, le président de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, pointe « une politique de l’Etat burundais ». Les membres de la commission d’enquête, créée en 2016, par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ont dû s’entretenir avec des réfugiés qui ont fui dans des pays voisins.

Les témoignages parlent d’actes « souvent d’une cruauté extrême », attribués à des responsables au plus haut niveau de l’État. Les enquêteurs de la Commission mettent en cause le président Pierre Nkurunziza et des « généraux ». Les ordres de répression sont exécutés par des policiers, des militaires, des agents du service de renseignement et des miliciens.

« Plusieurs de ces violations (…) constituent des crimes contre l’humanité », pointe le rapport. Le rapport appelle la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter en urgence sur des crimes contre l’humanité, mais le Burundi a déjà annoncé son retrait de la CPI à partir du 27 octobre prochain.

Les conclusions du rapport ont d’ailleurs été énergiquement rejetées par le président Nkurunziza, dont un porte-parole a accusé les membres de la Commission d’enquête d’être « des mercenaires ». Ils ont été « payés pour arriver à des conclusions politiquement motivées », selon Willy Nyamitwe, un conseiller du président Pierre Nkurunziza.

Toutefois, des rapports d’ONG internationales, notamment ceux de Human Rights Watch, Amnesty International et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) avaient, eux aussi, dénoncé de très graves abus et signalé l’existence de fosses communes.

La crise a été déclenchée en avril 2015, lorsque le président Nkurunziza avait pris la décision controversée de se présenter pour un troisième mandat. Une décision qui avait provoqué des manifestations violemment réprimées par les autorités.