Immigration et émigration :Oui au flux et reflux humain, non à la xénophobie.

La mobilité humaine entre les deux rives du détroit est un phénomène qui remonte loin dans l’histoire. Dans ce flux et reflux se démarque un certain nombre de phases historiques.

–    la conquête arabe au VIIIème – XVème siècle.
–    La reconquête qui a provoqué un exode massif à destination du Maroc.
–    A partir du 19ème siècle un mouvement migratoire s’est développé à destination de l’Afrique du nord en particulier vers l’Algérie.Jusqu’à son indépendance, le Maroc est resté un pays d’immigration, la colonisation a stimulé un mouvement migratoire en provenance des métropoles françaises et espagnoles.
Les années 60 du siècle dernier ont constitué une période d’intensification dans l’histoire de la migration marocaine, elle marque les premiers flux important d’immigration à destination de l’Europe. L’Espagne, pays relativement pauvre à l’époque, ne présentait pas d’intérêt pour ces immigrés. L’immigration était essentiellement masculine. L’évolution rapide s’est accompagnée d’une diversification des pays d’accueils mais avec comme principale destination la France. Ces flux étaient stimulés par les besoins en main d’œuvre nés de l’euphorie des trente glorieuses phases de la reconstruction des pays européens après les destructions causées par la deuxième guerre mondiale.
L’arrêt de l’immigration dans les années 1970 va engendrer la constitution de postes d’immigration clandestine vers les régions espagnoles limitrophes.
Les candidats à l’immigration illégale sont originaires non seulement des différentes régions du Maroc mais également de certains pays du sud méditerranéen et de plus en plus de l’Afrique subsaharien. Qu’elle soit légale ou illégale, l’immigration en Espagne est une donnée structurelle tant au niveau économique qu’au niveau socioculturel, elle touche différentes régions du pays, villes et campagnes à des degrés plus au moins intenses. Les facteurs incitateurs sont l’image de la réussite sociale qu’affiche l’immigré de retour au pays, l’impact de l’audiovisuel, la proximité géographique et enfin la demande de travail spécifique qui existe dans la péninsule ibérique et qui émane principalement de l’économie informelle qui tire de grands avantages financiers et sociaux d’une main d’œuvre docile et peu coûteuse. Les opérations sporadiques de régularisations d’immigrants clandestins en Espagne ont renforcé la détermination et nourrissent l’espoir des futurs candidats à l’immigration. L’approche sécuritaire d’un seul côté a montré ses limites malgré les efforts que déploie le Maroc pour endiguer ce phénomène, le Royaume a tendance à devenir de plus en plus un pays de transit pour l’immigration clandestine africaine.
Parler d’insertion, une politique d’intégration doit d’abord prendre en considération les aspects humains et les droits fondamentaux des émigrés. Les marocains constituent la nationalité étrangère la plus importante en Espagne, la stratégie de les regrouper sur des territoires restreints dans des quartiers réservés aux musulmans, sous contrôle de « faux imams », ont eu pour conséquence l’accentuation de l’extrémisme et pourquoi pas des candidat au terrorisme. Depuis les attentas de Madrid en 2004, et les difficiles conditions de vie, conséquence de la crise économique, les marocains se sentent de plus en plus exclus dans la société espagnole, exposés à des comportements vexatoires, ils incarnent dans l’imaginaire de certains xénophobes espagnols, les stéréotype des émigrants indésirables.