Incertitudes sur le maintien de la junte en Guinée Conakry

Selon plusieurs sources convergentes, la tentative d’assassinat du capitaine Moussa « Dadis » Camara, survenue hier dans l’après midi ne serait que le prolongement « naturel » d’une situation de vive tension entre le chef de l’Etat putschiste et son aide de camp, Sidiki Diakité, dit « Toumba ».

Selon plusieurs sources convergentes, la tentative d’assassinat du capitaine Moussa « Dadis » Camara, survenue hier dans l’après midi ne serait que le prolongement « naturel » d’une situation de vive tension entre le chef de l’Etat putschiste et son aide de camp, Sidiki Diakité, dit « Toumba ».
Alors que la commission d’enquête internationale dépêchée par l’ONU devait achever jeudi 3 Décembre son investigation sur le massacre du 28 Septembre qui avait mis le régime putschiste au ban de la communauté internationale, il semblerait que la pression mise sur l’aide de camp aie été trop forte.  En effet,  les soupçons qui pesaient sur l’entourage de Dadis Camara étant prégnants,  « Toumba » était au centre des accusations, et aurait  même été nommément cité par plusieurs témoins directs du massacre comme étant l’un de ses principaux acteurs. Dans ce contexte,  il apparaissait hier que le seul choix qui restait au capitaine Dadis était de « donner » son aide de camp, afin de répondre au double objectif de désigner un responsable et de conforter sa propre position en tant que chef de l’Etat.  Restait à vaincre les réticences d’une frange de l’armée qui est restée fidèle à « Toumba » Diakité, et s’est réfugiée dans le camp de Koundara. C’est précisément au sein de ce dernier que le chef de l’Etat Guinéen aurait été blessé par balles à bout portant par « Toumba Diakité », après qu’une explication musclée ait été engagée entre les deux hommes, portant probablement sur le souhait de Dadis de voir « toumba » répondre aux enquêteurs internationaux. Selon le Journal du Mali « Après les balles reçues, Dadis est très vite transporté hors du camp afin d’y recevoir des soins. Il retournera ensuite à son fief du camp Alpha Yaya. Le président sénégalais, Abdoulaye Wade après avoir appris ce qui se passait, a dépêché un avion médical censé transporter le capitaine Dadis à Dakar pour des soins. Mais, le chef de la junte décline la proposition. Refusant de quitter ne serait-ce qu’une minute, son bastion. » Néanmoins, personne ne peut à cette heure savoir avec précision la gravité des blessures  du Président Guinéen, qui n’a pas encore fait d’apparition publique, malgré les affirmations de plusieurs médias. Cette situation semble préfigurer une fin de cycle pour la junte, car la tenattive d’assassinat ne constitue en réalité qu’un épisode dans un bras de fer global qui oppose les putschistes à peu près tout le monde. Ainsi, face à un tel climat d’incertitude, la plupart des acteurs extérieurs ont énergiquement réagi depuis plusieurs mois. La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décrété (17/10) des sanctions individuelles ciblées et un embargo sur les armes contre la Guinée, invoquant « les atrocités et des actions menées » par la junte, décision soutenue et saluée par la Commission de l’Union africaine et par la diplomatie française. Quant aux Nations-unies, ils ont délégué leur secrétaire général adjoint aux affaires politiques pour amorcer une enquête sur les évènements du 28 septembre à Conakry. Selon plusieurs observateurs et analystes, La crise guinéenne ne fait que commencer et les premières mesures prises au niveau multilatérales visent à empêcher un embrasement du pays. Le contexte sécuritaire, stabilisé jusqu’aux évènements du 28 septembre, est complexe et la tentative d’assassinat de Dadis Camara ne fait qu’emmêler l’écheveau un peu plus. Il apparaît aujourd’hui ‘hui que  la seule porte de sortie possible pour la junte serait de  notamment faire la lumière sur les évènements du 28 septembre et de trouver un statut « honorable à Dadis Camara s’il devenait totalement impossible qu’il se présente à l’élection présidentielle. La médiation menée par le Président Compaoré, qui jusqu’à présent à partiellement abouti, sera donc cruciale. Le président Burkinabé cherchera à trouver un consensus pour la tenue des élections et la participation éventuelle de la junte, sous une forme ou une autre. Au niveau de la sécurité, l’embrassement de la Guinée engendrerait un nouveau foyer dans la région, qui ces dernières années a vu des affrontements majeurs en Côte d’Ivoire, en  Sierra Leone et au Liberia, avec des risques de répercussions non négligeables.