Sahel : quel bilan tirer de 50 ans d’indépendance ?

Plus d’une douzaine d’Etats d’Afrique fêtent cette année le 50ème anniversaire de leur indépendance de la France, parmi lesquels pratiquement tous les pays situés dans la bande sahélienne : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad.

Plus d’une douzaine d’Etats d’Afrique fêtent cette année le 50ème anniversaire de leur indépendance de la France, parmi lesquels pratiquement tous les pays situés dans la bande sahélienne : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad.
L’événement sera d’ailleurs célébré par la France, qui y a consacré plus de 16 millions d’euros. Ce montant servira à financer des dizaines de manifestations culturelles et sportives en France et dans les pays africains concernés. Le tout sera couronné par le traditionnel sommet franco-africain les 31 mai et 1er juin, et la participation de la plupart de ces pays au défilé militaire du 14 juillet à Paris.
Mais au-delà de l’allure festive de ce cinquantenaire, le bilan de 50 ans d’indépendance de la quasi-totalité des Etats sahéliens laisse planer le doute sur la capacité des gouvernements successifs à améliorer le sort des populations locales. Les conditions climatiques peu favorables dans cette zone peuvent être citées à la décharge des responsables. N’empêche que l’instabilité politique a considérablement inhibé la capacité de ces pays à confronter les problèmes persistants liés à la malnutrition, à la santé, à l’éducation et aux services publics de base.Le Sénégal fait figure d’exception qui confirme la règle dans une région où les coups d’Etat militaires son monnaie courante. Le dernier en date de cette funeste série est le putsch du 18 février au Niger, qui a mis fin à dix ans de pouvoir du président Mamadou Tandja.
La faiblesse endémique des Etats, conséquence logique de l’instabilité politique, a elle-même engendré une série de défis sécuritaires que les gouvernements ont du mal à gérer. L’absence d’institutions centrales durables et d’une armée structurée a laissé toute une partie du territoire de ces Etats à la merci de groupes criminels de tous genres.
De vastes zones de la bande sahélienne qui échappent au contrôle des gouvernements, ont longuement servi de refuge aux mouvements de dissidence instrumentalisés par un Etat contre son voisin. A ces groupes sont venus s’ajouter les réseaux mafieux de la migration clandestine, des narcotrafiquants et, enfin, les groupes terroristes, dont celui d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce dernier multiplie les enlèvements d’occidentaux, en particulier dans un triangle désertique englobant une partie des territoires du la Mauritanie, du Mali, de l’Algérie et du Niger, où les troupes régulières ont difficilement accès.Aujourd’hui, à l’occasion de ce cinquantenaire, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer de l’ancienne puissance coloniale une politique de « réparation » en direction de ses anciennes colonies. D’autres, plus lucides, estiment qu’en plus de l’aide extérieure indispensable pour envisager un réel développement durable en Afrique, les pays africains doivent trouver en eux-mêmes les ressources de leur propre développement. En premier lieu, la confiance en leurs capacités et leur ferme volonté de se réformer et de progresser.