Sahel-Otage : la coopération régionale dans la lutte antiterroriste, une coquille vide ?

La triste fin de l’humanitaire français Michel Germaneau, assassiné par des terroristes d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), et le raid franco-mauritanien contre un camp de ce réseau dans une vaine tentative pour le libérer, ont confirmé la gravité des menaces qui pèsent sur la sécurité dans la région. Outre le fait que la zone sahélo-saharienne soit devenue un véritable sanctuaire pour les groupes terroristes, cet épisode a aussi révélé que la coopération régionale dans la lutte antiterroriste, instituée par les accords de sécurité parrainés par Alger en avril dernier, n’était qu’une coquille vide. Le repli de l’AQMI dans les zones désertiques du Sahara et du Sahel après avoir sévi pendant plusieurs années en Algérie, n’a fait que donner un nouveau souffle au groupe salafiste.

Dans les étendues désertiques à cheval sur le sud algérien, le nord du Mali et de la Mauritanie, jusqu’au Niger, l’AQMI, héritier du GSPC algérien, a réussi à prospérer grâce aux trafics en tous genres : armes, drogue, migrants clandestins. La connivence des réseaux terroristes avec les mouvements rebelles et séparatistes de la région, a aussi été démontrée à maintes reprises par de nombreux spécialistes et centres d’études européens et américains. Parallèlement, les stratégies de riposte élaborées par les pays de la région sont loin d’avoir apporté une réelle riposte à cette menace persistante. L’accord signé le 21 avril dernier Alger, pour instituer une coordination entre les pays du sahel dans la lutte antiterroriste, n’a tout simplement pas fonctionné. L’Algérie s’est d’ailleurs empressée de rejeter sur la Mauritanie la responsabilité d’avoir remis en cause les clauses de cet accord, en faisant appel à la France. Toutefois, plusieurs observateurs estiment que, dès le départ, l’accord d’Alger portait en lui les germes de sa propre inefficacité, les généraux algériens ayant veillé à monopoliser l’action en excluant toute possibilité de coordination avec d’autres Etats hors de la région. Une erreur fatale, car en l’absence d’une véritable synergie des efforts de tous les Etats, aussi bien au niveau du renseignement que des moyens militaires et logistiques, il est difficile, voire impossible de faire face à des groupes terroristes insaisissables.