Manifestation au Maroc : les islamistes veulent se greffer sur le mouvement Facebook

Jamais alliance n’aura paru si inédite. Dans l’optique de se greffer sur la mouvance issue de Facebook et du mouvement connu sous le nom de « 20 Février », les islamistes marocains de Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance, le mouvement du Cheikh Abdeslam Yassine) ont appelé leurs troupes à manifester ce dimanche 20 mars.

Les partisans du vieux cheikh ont ainsi été vus à Rabat et Casablanca, mais refusaient de se mêler aux jeunes de Facebook, qu’ils considèrent comme des « impies », qui veulent « manger durant le mois sacré du ramadan ». C’est là tout le paradoxe d’un mouvement en nette perte de vitesse, mais qui souhaite néanmoins récupérer tout ce qu’il est possible des mouvements contestataires issus du printemps arabe. Ces derniers, majoritairement portés par une jeunesse connectée sur les réseaux sociaux, réfutent le référentiel islamiste prôné par le Cheikh Yassine, et souhaitent au contraire plus d’ouverture de la société marocaine, ainsi que plus de liberté. Au sein du Royaume Chérifien, le message a semble-t-il été entendu au plus haut niveau, puisque le monarque marocain, Mohammed VI, a annoncé dans un discours le 9 mars la création d’une commission de juristes chargée de réviser la constitution afin de donner le pouvoir exécutif au premier ministre et de mettre en œuvre le programme de décentralisation. Ce discours de Mohammed VI, salué par les marocains ainsi que par la communauté internationale, aurait fortement déplu chez les islamistes de Justice et Bienfaisance car creusant le décalage entre leurs revendications et celles issues des jeunes, en déportant mécaniquement le discours du Roi du côté de la rue et des mouvements réformistes. C’est vraisemblablement parce que les islamistes marocains sont conscients que la vieille monarchie marocaine –expérimentée- les a pris de vitesse, qu’ils tentent désormais d’ouvrir un nouveau front en exploitant cette marche du 20 mars où ils étaient clairement marginalisés par la majorité des manifestants. Ceci pose néanmoins le problème du risque de radicalisation du mouvement, qui est désormais prégnant. C’est bien connu, un islamiste, quand il n’obtient pas ce qu’il veut, ça devient violent…