Le renseignement marocain à l’épreuve de la résurgence terroriste

Près d’une semaine après l’attentat de Marrakech, le ministère marocain de l’intérieur a annoncé que les services de sécurité du Royaume chérifien ont procédé à l’arrestation des auteurs présumés de l’acte terroriste, dont son « auteur principal ». Fait rarissime, le communiqué du ministère marocain indique que ce sont les services secrets marocains, la DST (Direction de surveillance du Territoire), qui aurait procédé à l’enquête et à l’identification des terroristes.

Il faut dire que la DST avait été mise à l’index ces dernières semaines, notamment par les prisonniers salafistes et djihadistes récemment graciés par le roi Mohammed VI, ces derniers ayant dénoncé les méthodes brutales de ce service localisé à Témara, dans la banlieue de Rabat. Au sein des services marocains, ces critiques auraient été vécues comme uns véritable blessure, les hommes de la DST se considérant comme un corps d’élite, à la pointe de la lutte antiterroriste. Jusque là, il faut admettre que le « track record » des services marocains de contre-espionnage parle pour eux, puisque juste une semaine avant l’attentat de Marrakech, les marocains avaient réussi une opération conjointe avec la CIA et les services allemands qui a débouché sur le démantèlement d’une cellule d’Al Qaïda à Hambourg. Les deux évènements pourraient-ils être liés ? Aujourd’hui, même si rien ne filtre du côté de Rabat sur l’enquête en cours, il apparaîtrait que des ramifications transnationales soient sérieusement examinées suite à l’arrestation des auteurs présumés de l’attentat de Marrakech, en raison notamment du mode opératoire de déclenchement à distance des engins explosifs. En effet, même si le communiqué des marocains indique que l’auteur se serait « initié à la fabrication d’explosifs sur Internet », certaines questions demeurent en suspens, notamment la manière dont il se serait procuré les explosifs, ainsi que le mode opératoire utilisé par les coupables présumés. De manière plus globale, l’attitude adoptée par le renseignement marocain face à cette résurgence terroriste sera déterminante pour la suite des évènements, à un moment où les Marocains doit bientôt voter par référendum une large réforme de la constitution. En réagissant rapidement et dans une transparence relative, il semblerait que els pouvoirs publics souhaitent à tout prix éviter que l’opinion publique ne puisse penser que la lutte contre le terrorisme puisse constituer un frein aux réformes…