Africom : la grande machine à brasser du vent ?

Alors que vient de s’achever la tournée dans le Maghreb du patron de l’Africom, le général Carter F. Ham, plusieurs observateurs se posent la question de l’utilité réelle de l’United States Africa Command , qui est l’organe chargé officiellement de « coordonner toutes les activités militaires et

sécuritaires des États-Unis sur le continent ».
En effet, la mission principale de l’AFRICOM est de contribuer à la sécurisation du Sahel, mais ce commandement américain est surtout connu pour ses atermoiements en matière de choix de siège, ou de l’inefficacité de son action en termes de formation des personnels des pays bordant l’arc sahélien. Ainsi, quelle ne fut pas la surprise de ce général Malien, chargé d’accueillir les formateurs de l’Africom  spécialisés dans la lutte anti-insurrectionnelle, en constatant qu’aucun d’entre eux ne parlait… français.
D’autres anecdotes croustillantes rapportées par les différentes armées des pays sahélo-sahéliens voudraient que  l’AFRICOM soit surtout spécialisée dans l’organisation de conférences couteuses auxquelles sont systématiquement conviés des experts occidentaux, ou encore dans le maintien du site Internet Magharebia, qui a englouti plusieurs millions de dollars pour une audience plus que décevante. Surtout, d’un point de vue stratégique, la langue de bois pratiquée par le commandement de l’AFRICOM et le souci de respecter dans le « politiquement correct » entrave les efforts fournis par les pays bordant le Sahel pour jeter les bases d’une véritable coopération régionale.
Parmi les avatars de cette non-coopération, la rivalité chronique entre le Maroc et l’Algérie, que les américains n’ont pas réussi à dépasser pour mettre les deux pays autour d’une même table. Le ton timoré du successeur du général Ward, Carter Ham, a même fait dire à cet observateur averti de la politique US qu’AFRICOM ressemble plus à une « sous-direction du département d’Etat qu’à un corps d’armée ».
Cette situation semble préoccuper l’OTAN, qui aurait souhaité qu’AFRICOM soit beaucoup plus sévère avec l’Algérie, notamment après la découverte par l’organisation transatlantique de l’envoi de mercenaires du Front Polisario en Libye avec la complicité probable des services de renseignement algériens. Alger a nié avec énergie son implication dans l’envoi de mercenaires sahraouis en Libye, mais l’OTAN semble disposer de preuves irréfutables, qu’a relayée le quotidien Britannique « The Telegraph ».