La transformation d’AQMI et le défi de la sécurisation sahélienne

En moins de trois semaines Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)  s’est rappelé au (mauvais) souvenir de la communauté internationale de manière  spectaculaire, tout en soufflant le chaud et le froid. Côté froid, Il ya tout d’abord la piqûre  de rappel relative aux quatre otages d’Areva au Niger,

qui « se porteraient bien » selon les négociateurs qui ont pu toucher les ravisseurs d’AQMI il ya quelques temps. Autre élément troublant, la mort mystérieuse du chef Touareg  Brahim Ag Bahanga, qui s’est livré à une interview pour un journal algérien,  quelques heures avant sa mort, officiellement dans un « accident » alors qu’il patrouillait dans le désert à la recherche d’armes exfiltrées de Libye. Enfin, côté « chaud », en réussissant un attentat d’envergure contre la base militaire de Cherchell en Algérie, qui a fait 18 victimes, AQMI donne désormais les preuves de sa résurgence, de sa capacité d’agir en dehors de son positionnement en tant que franchise locale d’Al Qaïda, et de s’émanciper de la tutelle qu’elle avait elle-même choisie lorsqu’elle abandonna sa « coloration » algérienne en tant que GSPC. Autre fait troublant, le récent attentat revendiqué par la secte Boko Haram au Nigéria fait craindre la mise en place d’une ligne de communication entre AQMI et les groupuscules extrémistes nigérians , basée sur un partage de savoir-faire et de techniques, ainsi que sur la mutualisation de moyens et de zones-refuges. Pour la région dans son ensemble comme pour les pays occidentaux ayant de intérêts dans la zone, ceci constitue sans nul doute la pire nouvelle qui pouvait s’annoncer, car une alliance entre les groupes sévissant dans le Sahel et ceux qui  existent plus au sud signifie un élargissement conséquent des zones d’instabilité. Il faut ici ajouter le sort des mercenaires pro-Kadhafi qui devraient bientôt rejoindre leurs régions d’origine, après avoir bénéficié de sommes d’argent en liquide, d’armes lourdes et d’autres instruments de télécommunication qu’ils arriveront certainement en partie à rapatrier. Pour les pays de la région, et notamment le Niger et le Mali, ce retour des mercenaires est un défi supplémentaire à gérer par de armées aux moyens très limités et à la capacité de déplacement limitée par l’inhospitalité de l’environnement. Il est devenu urgent de tirer la sonnette d’alarme et de signifier au monde qu’une partie de son avenir se joue en ce moment au Sahel et qu’il est temps de mettre dans cette zone des moyens massifs pour mettre fin au terrorisme, sous peine de le voir se « verticaliser » de plus en plus, atteignant le sud de l’Afrique pour les branches enclines vers le pillage et remontant peu à peu vers l’Europe pour les factions les plus « sophistiquées ». Ainsi, il n’est pas exclu que l’on assiste à un vaste regroupement des groupuscules terroristes actifs dans le sahel, qui se rallieraient sous la « marque » AQMI, afin de pouvoir monter en puissance dans leurs autres activités illégales que sont le Racket, le trafic de drogue, d’êtres humains etc. Le monde est il prêt à cela ?