Sahel : quelle pérennité pour les acquis de l’intervention française ?

Ahmedou-Ould-AbdallahEn quelques mois, l’armée française est parvenue à rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Mais alors qu’elle entame le retrait de ses troupes, la question de la pérennité des résultats obtenus se pose vu que les maux qui ont conduit la région à cette situation, corruption, tentations séparatistes, trafics de toutes sortes, sont pour leur part loin d’être éradiqués.
Les exactions d’AQMI ont concentré toute l’attention des Occidentaux au point de faire passer au second plan la situation de défaillance de l’Etat malien, véritable cause de la crise actuelle que connaît le pays. Selon le mauritanien Ahmedou Ould Abdallah, ancien représentant des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, en l’état actuel des choses, la reprise du trafic de drogue et le retour des extrémistes ne devraient pas beaucoup se faire attendre après le désengagement des français.
Ceux-ci jugent comme prioritaire le regain de légitimité démocratique pour l’Etat malien, perdu après le coup d’Etat du capitaine Sanogo. Cette alternative que la France souhaite voir se réaliser le mois de juillet prochain est mal partie. L’appel d’offres pour la fabrication de 6.4 millions de cartes d’électeurs n’a toujours pas été attribué. 400 000 maliens sont toujours en fuite en dehors du pays, les rebelles touaregs du MNLA sont toujours armés et l’armée malienne ne pénètre toujours pas dans certaines villes du Nord-Mali.
La situation pourrait même s’empirer car les maux maliens se propagent chez le voisin mauritanien, ancien rempart contre l’intégrisme dans cette partie du monde. Les autorités au pouvoir et leurs proches s’accaparent les richesses nationales, l’influence islamiste, notamment par le biais des Frères musulmans financés par le Golfe, s’étend dans le pays. Pour preuve de nombreux chefs religieux se sont opposés à l’intervention française, ce qui peut expliquer qu’aucune force armée mauritanienne n’ait été envoyé en soutien à l’allié français par crainte d’un embrasement populaire.