Mali : Discrétion de l’armée française sur sa collaboration avec les Touaregs

Une semaine après l’exécution d’un jeune Touareg, selon toute vraisemblance par des djihadistes, pour collaboration avec les armées étrangères, l’armée française reste obstinément silencieuse sur cette affaire. Ce silence est lourd de sens quand on connait le recours des militaires français aux Touaregs lors de leurs manœuvres contre les groupes djihadistes dans le nord du pays.

Le corps décapité de Himma Ag Sidi Mohamed, touareg de la tribu des Kel Asar, a été retrouvé le mardi 23 septembre sous un arbre au centre de la ville de Zouéra, à une centaine de kilomètres de Tombouctou. Sa tête avait été exposée au poteau d’un hangar sur le marché de la ville. Des témoins ont rapporté avoir entendu les ravisseurs lancer un avertissement à la population pour les dissuader de coopérer avec l’armée française et la Minusma.

Connus pour s’appuyer de plusieurs manières sur les Touaregs dans ses manœuvres dans le nord du pays, l’armée française conserve un mutisme total. Début 2013, les indépendantistes Touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) avaient ouvertement épaulé l’armée française dans la libération d’otages ainsi que dans la traque des terroristes. La connaissance touarègue du désert a par ailleurs été très utile aux forces françaises dans leur offensive sur le terrain nord-malien.

Le silence de l’armée français peut être doublement justifié. D’une part par l’adage « qui ne dit mot consent », reconnaissant ainsi la collaboration de certains Touaregs, et d’autre part pour ne pas assumer officiellement une coopération stratégique susceptible de froisser l’Etat malien qui ne veut pas entendre parler d’une remise en cause de l’intégrité de son territoire.

Tout de suite pointée du doigt après l’exécution du jeune Touareg, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) a démenti dimanche dernier toute implication via un communiqué diffusé sur le site mauritanien « Sahara Media). Cette annonce a encore accentué la confusion ainsi que la peur de représailles au sein de la population contre ceux qui auraient aidé les forces occidentales.