Rwanda : le président Kagame projette de modifier la Constitution pour rempiler

Les députés rwandais ont adopté jeudi un projet de réforme constitutionnelle qui permettrait à l’actuel président Paul Kagame de briguer un troisième mandat en 2017, une décision qui mettrait probablement les rênes du pouvoir entre ses mains pour de longues années encore.

Comme d’autres chefs d’Etats africains avant lui, Paul Kagame (58 ans) travaille à son propre maintien à la présidence. Celui qui était arrivé au pouvoir après que son parti du Front patriotique rwandais (FPR) ait mis un terme au génocide de 1994, a engagé jeudi une réforme qualifiée par les observateurs d’anti-démocratique afin de briguer de nouveaux mandats présidentiels.

Ce projet de réforme qui a été adopté à l’unanimité par les parlementaires rwandais, prévoit la modification de l’article 101 de l’actuelle Constitution. Il a été présenté par le président Paul Kagame comme une initiative populaire basée sur une récente pétition à l’échelle nationale, qui a permis au corps électoral rwandais de se prononcer en faveur de son maintien au pouvoir.

Plusieurs observateurs internationaux ont rapproché ce projet de réforme constitutionnelle des tentatives de maintien au pouvoir de certains dirigeants africains. Ils ont en outre fait le parallèle avec les modifications constitutionnelles ayant déjà été entérinés et celles qui au contraire ont poussé leurs initiateurs vers la déchéance, comme au Burkina Faso. Les tentatives de modification constitutionnelle qui sont actuellement en cours, notamment celles au Congo Brazzaville et en République Démocratique du Congo ont également été évoquées.

Elu en 2003 puis en 2010, Paul Kagame est l’homme fort du pays depuis que la rébellion du FPR a chassé le régime extrémiste Hutu en juillet 1994, et mis fin au génocide qui avait fait plusieurs centaines de milliers de morts. Le chef d’Etat rwandais jouit en outre d’une notoriété qui dépasse les frontières de son pays, mais nombre d’observateurs doutent actuellement de la préservation de cette popularité si le projet de réforme constitutionnelle venait effectivement à avoir lieu.