Rwanda: vote massif pour la réforme constitutionnelle de Kagame

Le président Paul Kagame est désormais assuré de rester au pouvoir au Rwanda jusqu’en 2034 après le vote massif, vendredi, en faveur de la réforme constitutionnelle autorisant la prolongation des mandats présidentiels, et ce en dépit des critiques de l’opposition et de l’occident.
Le « oui » devrait même l’emporter à une écrasante majorité, au delà de 90%, selon des résultats partiels. Les Etats unis qui soutenaient pourtant Paul Kagame, ont émis des critiques sur les implications de ce scrutin, qui ouvre grande la voie au maintien au pouvoir de l’actuel président pour 17 années supplémentaires. Une position adoptée par d’autres pays européens, qui dénoncent une volonté de Kagame d’avoir un pouvoir sans partage.
Paul Kagame, âgé aujourd’hui de 58 ans, était arrivé au pouvoir en 1994 dans le sillage de son entrée triomphale à Kigali, où les troupes de son parti le FPR (Front patriotique rwandais) avaient mis un terme au génocide qui avait fait quelque 800.000 morts. Lui même issu de la minorité tutsie qui avait été décimée par la majorité hutue, il tente de rassembler les rwandais autour de l’identité nationale plutôt qu’ethnique.
Fort de sa popularité au Rwanda et de son ascendant au plan international, Paul Kagame a été élu président en 2003. Après le rétablissement de la paix et de la sécurité, il a mené des réformes économiques et sociales adossées à une bonne gouvernance qui ont permis au Rwanda d’enregistrer des taux de croissance enviés en Afrique et même au-delà.
En 2010, il a été réélu haut la main pour un dernier septennat qui arrive à échéance l’année prochaine. Mais grâce à la réforme constitutionnelle votée ce vendredi, il peut postuler en 2017 pour un nouveau mandat de sept ans, puis pour deux autres mandats de cinq ans.
L’opposition exilée en Europe, bien que numériquement faible, s’indigne d’une réforme en trompe-l’œil qu’elle assimile à une dictature cautionnée par les bulletins de vote. Ses détracteurs rwandais lui conseillent, malicieusement, d’instaurer directement la présidence à vie pour gagner du temps.