Ethiopie: les tensions restent vives entre forces de l’ordre et opposants après un weekend sanglant

La situation reste extrêmement tendue en Ethiopie deux jours après que le gouvernement ait violemment réprimé des manifestations pacifistes durant le weekend dernier, des répressions qui ont fait plusieurs dizaines de victimes dans différentes régions du pays.

Selon le dernier bilan officiel, près d’une cinquantaine de manifestants auraient perdu la vie entre samedi et dimanche lors de violents accrochages avec les forces de l’ordre. L’organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty International fait état, quant à elle, de la mort de près de 100 manifestants. Des dizaines d’autres auraient par ailleurs été arrêtés et certains roués de coups, puis emmenés dans des pick-up, ont rapporté des sources locales.

Ces répressions gouvernementales visaient à disperser des manifestations ayant eu lieu dans les régions d’Oromo, au centre-Ouest et d’Amhara, au nord. Les manifestations d’Oromo exigeaient la libération de plusieurs personnes arrêtées par les forces de l’ordre. Quant à celles d’Amhara, elles visaient à protester contre des projets d’expropriations de terres agricoles.

Depuis novembre 2015, le gouvernement éthiopien veut mettre en place un projet d’extension de la capitale, et ce malgré les nombreuses manifestations s’y opposant. Les expropriations de terres ainsi que les confiscations de biens immobiliers sont devenues monnaie courante dans le pays. Selon l’ONG Human Rights Watch, les conflits entre forces de l’ordre et manifestants auraient fait plus de 400 morts depuis le début de la contestation fin 2015.

D’après les observateurs, outre ce sujet hautement sensible pour les éthiopiens, les protestations anti-gouvernementales trouvent leur source dans la politique ethnique de l’administration éthiopienne. Cette dernière privilégie en effet les communautés Tigréennes et celles d’Ahmara au profit de leurs congénères d’Oromo. Bien que les ethnies d’Oromo composent la plus importante communauté d’Ethiopie, le gouvernement tarde à mettre en place des réformes qui lui sont destinées directement, ce qui crée au final une situation de stress social  débouchant parfois sur de violentes manifestations.