Éthiopie: état d’urgence après des mois de violences

Conséquence de la situation sécuritaire dangereuse qui sévit en Éthiopie depuis maintenant plusieurs mois, le Premier ministre Hailemariam Desalegn a annoncé dimanche que son gouvernement allait instaurer un état d’urgence afin d’endiguer cette montée des violences.

C’est lors d’une allocution télévisée retransmise dimanche sur la chaîne nationale EBC que le chef du gouvernement éthiopien a annoncé cette mesure, dont la durée s’étale pour au moins six mois. Selon les propos de M. Desalegn, cette décision a été prise suite à la tenue d’un conseil des ministres dont le but était d’arriver à un consensus pour rétablir la stabilité sécuritaire dans le pays.

La mise en place de l’état d’urgence en Éthiopie intervient dans la foulé des terribles événements de la semaine passée qui ont coûté la vie à au moins 55 personnes dans la région d’Oromo, située au sud de la capitale. Toutefois, cet incident, durant lequel les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles, n’est qu’une des nombreuses facettes des profonds clivages politiques et ethniques qui persistent en Éthiopie.

Le pays est, en effet, victime depuis novembre 2015 d’une montée de violence due en partie à la volonté du gouvernement d’agrandir la ville Addis-Abeba. La communauté Oromo, qui constitue près du tiers de la population s’oppose fermement à ce projet. Pour les Oromo, le projet d’extension du périmètre urbain de la capitale viendrait empiéter sur leurs terres ancestrales.

Mais plus qu’une opposition à ce projet d’agrandissement de la capitale, c’est un ras-le-bol plus profond qu’expriment les Oromo. Ces derniers, majoritaire dans le pays, se disent en effet marginalisés par la communauté minoritaire tigréenne qui monopolise le pouvoir.

Pour les observateurs, la mise en place de cet état d’urgence ne résoudra probablement pas les profondes divergences ethniques en Éthiopie. Il aura pour simple conséquence l’augmentation de la présence militaire dans les zones dites sensibles. Une situation qui risque de conduire à d’autres événements sanglants comme celui de la semaine passée.