Réunis à Tripoli le 25 décembre 2008, les responsables de la défense de l’Egypte, l’Algérie, la Libye, la Tunisie et la RASD avec la participation de la commission de l’Union Africain ont décidé la création d’une force Nord-africaine à vocation d’interposition.
Cette décision se situe dans le cadre du pacte africain conclu à Tripoli le 22 et 23 Février 2004, et l’article 5-2 de l’acte fondateur de l’Union Africaine qui institue le conseil de paix et de sécurité (C.P.S.) et constitue « un système de sécurité collectif et d’alerte rapide, visant à permettre la création d’une force rapide et efficace face aux situations de conflits et de crises en Afrique ». Dans ce cadre, l’Union Africaine prévoit la création d’une force africaine en attente (F.A.A.) sur le modèle des Casques Bleus qui l’affranchirait de la communauté internationale pour la résolution des conflits continentaux.
Se considérant comme rodée à la lutte antiterroriste, l’Algérie a pu convaincre certains de ses partenaires africains sur la nécessité d’une coopération entre Etats dans le domaine sécuritaire. Dans une région où les conflits sont récurrents et de plus en plus violents, une présence militaire étrangère, et de surcroît américaine, pourrait entraîner dans son sillage des menaces terroristes. Ces craintes ont été exprimées par le chef de l’Etat libyen Mr. Kadhafi lors de la dernière visite en Libye du secrétaire d’état américain, Mme. Condolezza Rice.
Les premiers jalons de la force Nord-africaine ont été jetés à l’occasion d’une réunion des ministres de la défense de l’Algérie, l’Egypte, la Tunisie et de la Libye, tenue à Tripoli en juillet 2006 sans la participation de la RASD, et à laquelle n’ont pas pris part le Maroc et la Mauritanie. Il s’agit de répondre à l’appel du sommet africain pour former une force de paix par l’ensemble des pays du continent. Un appel à l’issue des débats sur la situation au Darfour (Soudan).
L’acte de Tripoli du 25 décembre 2008 n’est donc qu’une initiative personnelle du président Kadhafi et de l’Algérie. Des interrogations se posent sur les véritables raisons de cette décision, le choix du moment et les Etats qui composent la force projetée. Pour répondre à ces interrogations, il faut revenir un peu en arrière et retracer certains événements. L’intervention américaine en Iraq a incité depuis quelques années le chef de la Jamahiriya libyenne à la prudence et à changer totalement d’attitude géopolitique, en envoyant des signaux de modération à l’occident et en particulier aux Etats Unies et en obtempérant aux injonctions de réparer les préjudices dont ses services secrets seraient soupçonnés d’être les responsables.
Devant les hésitations des pays occidentaux à concrétiser leur ouverture à la Libye telle que souhaité par le guide, ce dernier craint que les Etats Unies cultivent toujours une méfiance à son égard. Il décida alors de se rendre en Russie ou selon le périodique « Kommarsant », il aurait proposé une présence militaire russe sur le territoire de son pays. A l’affût, la diplomatie algérienne a habilement profité de la fébrilité de Kadhafi pour entraîner l’Egypte et la Tunisie dans l’enjeu saharien. La presse algérienne ne cache pas que ses visées ont été atteintes dans le sens voulu :
– Le Jeune Indépendant du 25 décembre 2008 :
« Quoi que l'on dise, dans ce genre d'affaires, l'Afrique démontre malgré tout qu'elle est moins cupide et de loin plus morale que l'Occident. Aujourd'hui, les décisions prises à Tripoli disent que le djoundi de la RASD sera aux côtés de ceux d'Egypte, de Libye, d'Algérie, etc. N'est-ce pas là, une reconnaissance de facto de la RASD par ses partenaires. On ne peut pas œuvrer de concert à des missions sécuritaires s'il n'y a pas une reconnaissance et une confiance mutuelles. On ne s'associe pas à de telles activités avec des forces clandestines ou fantômes! D'autant que la question a été mûrement réfléchie puisque l'adoption du mémorandum d'entente pour la création de cette force relevant du Conseil de paix et de la sécurité (CPS) de l'UA remonte à la première réunion des chefs d'état-major de la région à la mi-novembre 2005, à Tripoli ", poursuit la publication.
"En principe, le Maroc, cette fois, n'a aucune raison de nous imputer les pas tripolitains de l'Afrique. Tripoli n'a pas accueilli des sujets marocains ou des officiers des FAR mais des représentants de l'ALPS (Armée de libération populaire sahraouie), une armée née en écho à ce même appel de Kadhafi, lancé de Nouakchott dans les années 1970", écrit encore le commentateur ».
Vouloir exclure le Maroc des enjeux stratégiques de la région est une aberration. Le Royaume est une pièce déterminante dans le puzzle maghrébin et si doux que soient les rêves, les réalités sont là et suivant qu’on en tient compte ou non, la politique peut être un art assez fécond, ou bien une vraie utopie.
Pour le choix du moment, il s’agit pour la Libye de tirer ses ficelles à la veille de la rentrée en fonction de la nouvelle administration américaine. Quand à l’Algérie en prévision de la prise de fonction du nouveau représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara et les éventuelles négociations en vue, ce qui compte pour l’Algérie c’est de contrecarrer la diplomatie marocaine qui a pris le devant dans l’affaire du Sahara. C’est la raison pour laquelle la création d’une force Nord Africaine avec la participation effective de la RASD a été précédé d’une campagne sur les droits de l’homme au Sahara.
Comme l’ensemble maghrébin est connu par ses dimensions variables au nombre changeant de pièces, on peut alors comprendre la position tunisienne à une force qui comprend la RASD. La fragilité des frontières entre, la Tunisie et la Libye d’une part, et la Tunisie et l’Algérie d’autre part risque toujours d’engendrer des tensions. Mais le cas de l’Egypte intrigue, fondateur de la Ligue Arabe, dont un de ses objectifs et de réaliser l’unité arabe hostile au morcellement comme c’est le cas de la RASD. Il n’est pas un secret qu’un froid est apparu ces dernières années dans les relations Maroco-égyptiennes. La diplomatie marocaine a, semble t-il, favorisé pour des raisons stratégiques et économiques, ses relations avec l’Europe et les Etats Unies au détriment de ses engagements au moyen Orient et en Afrique. Cet argument, s’il s’avère vrai, ne justifie en aucun cas qu’une grande nation comme l’Egypte renie sa vocation unioniste en s’associant avec un Etat fantôme créé par l’Algérie et un groupe de séparatiste en territoire algérien. La position algérienne dans le conflit du Sahara est d’ailleurs vivement critiquée en Egypte par des milieux politiques et des médias pour ne citer que le plus grand quotidien égyptien « Al Ahram ».
Mais, les changements dans la région nord africaine sont imprévisibles, et les marges de manœuvres ne sont pas statiques comme écrivait Richard B. Parker dans son ouvrage Afrique du Nord : tensions régionales et préoccupations stratégiques : « La seule recommandation importante qui puisse être faite est que le stratège aborde cette zone avec précaution et tact respectant son caractère spécifique comprenant que les choses y sont rarement ce qu’ils semblent que les réponses non plus n’y sont pas évidentes où même les questions et que nous devrions éviter de prendre parti quand nous n’avons pas à le faire ». Dans une large mesure, les peuples d’Afrique du nord régleront leurs propres problèmes, mais la dernière chose à faire serait de considérer ceux-ci dans leur état actuel comme définitifs ».
On risque de ne rien comprendre sur ce qui se trame dans la région nord africaine, si l’on ignore les arrières pensées des responsables politiques, les rapports de force, les ambitions proclamées ou inavouables qui autorisent toute sorte de manœuvres, bref, les dessous des cartes, sans parler des dessous-de-table.
Se considérant comme rodée à la lutte antiterroriste, l’Algérie a pu convaincre certains de ses partenaires africains sur la nécessité d’une coopération entre Etats dans le domaine sécuritaire. Dans une région où les conflits sont récurrents et de plus en plus violents, une présence militaire étrangère, et de surcroît américaine, pourrait entraîner dans son sillage des menaces terroristes. Ces craintes ont été exprimées par le chef de l’Etat libyen Mr. Kadhafi lors de la dernière visite en Libye du secrétaire d’état américain, Mme. Condolezza Rice.
Les premiers jalons de la force Nord-africaine ont été jetés à l’occasion d’une réunion des ministres de la défense de l’Algérie, l’Egypte, la Tunisie et de la Libye, tenue à Tripoli en juillet 2006 sans la participation de la RASD, et à laquelle n’ont pas pris part le Maroc et la Mauritanie. Il s’agit de répondre à l’appel du sommet africain pour former une force de paix par l’ensemble des pays du continent. Un appel à l’issue des débats sur la situation au Darfour (Soudan).
L’acte de Tripoli du 25 décembre 2008 n’est donc qu’une initiative personnelle du président Kadhafi et de l’Algérie. Des interrogations se posent sur les véritables raisons de cette décision, le choix du moment et les Etats qui composent la force projetée. Pour répondre à ces interrogations, il faut revenir un peu en arrière et retracer certains événements. L’intervention américaine en Iraq a incité depuis quelques années le chef de la Jamahiriya libyenne à la prudence et à changer totalement d’attitude géopolitique, en envoyant des signaux de modération à l’occident et en particulier aux Etats Unies et en obtempérant aux injonctions de réparer les préjudices dont ses services secrets seraient soupçonnés d’être les responsables.
Devant les hésitations des pays occidentaux à concrétiser leur ouverture à la Libye telle que souhaité par le guide, ce dernier craint que les Etats Unies cultivent toujours une méfiance à son égard. Il décida alors de se rendre en Russie ou selon le périodique « Kommarsant », il aurait proposé une présence militaire russe sur le territoire de son pays. A l’affût, la diplomatie algérienne a habilement profité de la fébrilité de Kadhafi pour entraîner l’Egypte et la Tunisie dans l’enjeu saharien. La presse algérienne ne cache pas que ses visées ont été atteintes dans le sens voulu :
– Le Jeune Indépendant du 25 décembre 2008 :
« Quoi que l'on dise, dans ce genre d'affaires, l'Afrique démontre malgré tout qu'elle est moins cupide et de loin plus morale que l'Occident. Aujourd'hui, les décisions prises à Tripoli disent que le djoundi de la RASD sera aux côtés de ceux d'Egypte, de Libye, d'Algérie, etc. N'est-ce pas là, une reconnaissance de facto de la RASD par ses partenaires. On ne peut pas œuvrer de concert à des missions sécuritaires s'il n'y a pas une reconnaissance et une confiance mutuelles. On ne s'associe pas à de telles activités avec des forces clandestines ou fantômes! D'autant que la question a été mûrement réfléchie puisque l'adoption du mémorandum d'entente pour la création de cette force relevant du Conseil de paix et de la sécurité (CPS) de l'UA remonte à la première réunion des chefs d'état-major de la région à la mi-novembre 2005, à Tripoli ", poursuit la publication.
"En principe, le Maroc, cette fois, n'a aucune raison de nous imputer les pas tripolitains de l'Afrique. Tripoli n'a pas accueilli des sujets marocains ou des officiers des FAR mais des représentants de l'ALPS (Armée de libération populaire sahraouie), une armée née en écho à ce même appel de Kadhafi, lancé de Nouakchott dans les années 1970", écrit encore le commentateur ».
Vouloir exclure le Maroc des enjeux stratégiques de la région est une aberration. Le Royaume est une pièce déterminante dans le puzzle maghrébin et si doux que soient les rêves, les réalités sont là et suivant qu’on en tient compte ou non, la politique peut être un art assez fécond, ou bien une vraie utopie.
Pour le choix du moment, il s’agit pour la Libye de tirer ses ficelles à la veille de la rentrée en fonction de la nouvelle administration américaine. Quand à l’Algérie en prévision de la prise de fonction du nouveau représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara et les éventuelles négociations en vue, ce qui compte pour l’Algérie c’est de contrecarrer la diplomatie marocaine qui a pris le devant dans l’affaire du Sahara. C’est la raison pour laquelle la création d’une force Nord Africaine avec la participation effective de la RASD a été précédé d’une campagne sur les droits de l’homme au Sahara.
Comme l’ensemble maghrébin est connu par ses dimensions variables au nombre changeant de pièces, on peut alors comprendre la position tunisienne à une force qui comprend la RASD. La fragilité des frontières entre, la Tunisie et la Libye d’une part, et la Tunisie et l’Algérie d’autre part risque toujours d’engendrer des tensions. Mais le cas de l’Egypte intrigue, fondateur de la Ligue Arabe, dont un de ses objectifs et de réaliser l’unité arabe hostile au morcellement comme c’est le cas de la RASD. Il n’est pas un secret qu’un froid est apparu ces dernières années dans les relations Maroco-égyptiennes. La diplomatie marocaine a, semble t-il, favorisé pour des raisons stratégiques et économiques, ses relations avec l’Europe et les Etats Unies au détriment de ses engagements au moyen Orient et en Afrique. Cet argument, s’il s’avère vrai, ne justifie en aucun cas qu’une grande nation comme l’Egypte renie sa vocation unioniste en s’associant avec un Etat fantôme créé par l’Algérie et un groupe de séparatiste en territoire algérien. La position algérienne dans le conflit du Sahara est d’ailleurs vivement critiquée en Egypte par des milieux politiques et des médias pour ne citer que le plus grand quotidien égyptien « Al Ahram ».
Mais, les changements dans la région nord africaine sont imprévisibles, et les marges de manœuvres ne sont pas statiques comme écrivait Richard B. Parker dans son ouvrage Afrique du Nord : tensions régionales et préoccupations stratégiques : « La seule recommandation importante qui puisse être faite est que le stratège aborde cette zone avec précaution et tact respectant son caractère spécifique comprenant que les choses y sont rarement ce qu’ils semblent que les réponses non plus n’y sont pas évidentes où même les questions et que nous devrions éviter de prendre parti quand nous n’avons pas à le faire ». Dans une large mesure, les peuples d’Afrique du nord régleront leurs propres problèmes, mais la dernière chose à faire serait de considérer ceux-ci dans leur état actuel comme définitifs ».
On risque de ne rien comprendre sur ce qui se trame dans la région nord africaine, si l’on ignore les arrières pensées des responsables politiques, les rapports de force, les ambitions proclamées ou inavouables qui autorisent toute sorte de manœuvres, bref, les dessous des cartes, sans parler des dessous-de-table.