Tunisie : Le président Kaïs Saïed limoge la cheffe du gouvernement 

Le président Kaïs Saïed a démis de ses fonctions Najla Bouden Romdhane, cheffe du gouvernement tunisien, a annoncé mardi soir, la Présidence tunisienne.

« Le Président tunisien Kaïs Saïed a décidé de mettre fin aux fonctions de Mme Bouden Romdhane et de nommer Ahmed Hachani en tant que nouveau chef de gouvernement », a indiqué la présidence tunisienne dans un communiqué.

Première femme à la tête d’un gouvernement en Tunisie, Mme Bouden a été nommé chef de l’Exécutif le 11 octobre 2021, après des mois de blocage politique, suite au coup de force du 25 juillet, à travers lequel le président Saïed s’est approprié les pleins pouvoirs.

Le gouvernement Bouden a connu depuis sa nomination plusieurs limogeages, dont le ministre des affaires étrangères, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Neila Nouira Gonji.

En mars dernier, le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, avait démissionné de son poste.

En Tunisie, depuis les années 70 face à une économie de bas salaires, l’Etat centralise l’achat d’un grand nombre de produits de base (farine, sucre, semoule, café, huile de cuisson) avant de les réinjecter sur le marché à des prix abordables.

Le pays affronte depuis des mois des pénuries sporadiques de ces produits, liées, selon les économistes, à l’exigence des fournisseurs d’être payés à l’avance, ce que la Tunisie a beaucoup de mal à faire.

Depuis février dernier, une vingtaine d’opposants et personnalités ont été emprisonnés dans le cadre d’une vague d’arrestations qui a touché aussi Rached Ghannouchi, chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, la bête noire de M. Saied, selon l’AFP.

Ils sont « accusés de complot contre la sûreté de l’Etat » et M. Saïed les a qualifiés de « terroristes ». Des ONG dont Amnesty International ont dénoncé « une chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ».

La crise politique que traverse la Tunisie depuis deux ans se double de graves difficultés économiques avec une croissance poussive (environ 2%), un taux de pauvreté en hausse (4 millions de Tunisiens sur 12 millions d’habitants) et un chômage très élevé (15%).