Le ministre de la Défense béninois Candide Azannaï a déposé lundi sa demande de démission auprès du cabinet présidentiel, une décision qui prend la forme de protestation contre la volonté du président Patrice Talon de faire passer en urgence sa réforme constitutionnelle.
Candide Azannaï, bras droit du chef d’État béninois, a manifestement pris sa décision au regard des tensions sociales grandissantes dans le pays. Des troubles sociaux qui ont été nourris par la volonté du président Patrice Talon de faire adopter un projet contesté de réforme constitutionnelle.
Cette démission intervient trois jours seulement après le rejet, à l’unanimité par le parlement, de la demande d’examen en procédure d’urgence du projet de révision constitutionnelle voulu par le président. En actant sa séparation avec le dirigeant béninois, Candide Azannaï fragilise encore plus la coalition au pouvoir.
Ce revers politique pour le président béninois n’est toutefois pas le premier du genre. Quelques mois auparavant, Candide Azannaï avait déposé une première demande de démission. Mais cette dernière n’a pas été acceptée par le président. Afin de mettre toutes les chances de son côté, le ministre de la Défense a, cette fois, annoncé sur les réseaux sociaux sa démission du gouvernement.
Patrice Talon avait fait convoquer, vendredi dernier, le parlement afin d’adopter dans les plus brefs délais son projet de révision constitutionnelle. Ce dernier devait consacrer entre autres, un mandat présidentiel unique de six ans et donner de larges pouvoirs décisionnels au président de la République. Le chef d’Etat béninois ne serait ainsi donc plus obligé de passer par le parlement pour la ratification des accords de prêt.
D’après des sources proches du dossier, outre le problème lié à la réforme constitutionnelle, les frictions entre Candide Azannaï et Patrice Talon sont nées du fait que le portefeuille de la Défense soit le seul délégué auprès du président. Ainsi, toutes les décisions sont prises par la présidence.