Les chefs de la diplomatie d’Algérie, d’Egypte et de Tunisie se sont réunis,lundi à Alger, pour examiner la grave détérioration de la situation sécuritaire en Libye, avec l’apparition de sérieuses crispations entre Alger et Le Caire au sujet des frappes aériennes menées par l’Egypte en Libye.
L’Algérie craint les répercussions des frappes égyptiennes contre des groupes terroristes dans l’Est de la Libye, sur l’équilibre des forces en présence dans le pays. Ce qui ne ferait que compliquer la situation en Libye, qui dispose de longues frontières difficilement contrôlables, à la fois avec l’Algérie et l’Egypte. Surtout que la Libye est déchirée entre deux pouvoirs rivaux, en plus de la présence d’une myriade de milices islamistes armées.
Et dans l’inextricable complexité de la situation libyenne, Alger voit d’un mauvais œil la décision unilatérale du président égyptien Abdel Fatah Al-Sissi de diriger ses frappes contre les groupes djihadistes de Derna, offrant ainsi un soutien inespéré au maréchal Khalifa Haftar.
Mais, estiment les observateurs, derrière ces craintes se profilent les appréhensions d’Alger de voir Le Caire prendre de l’ascendant en Libye.
L’armée algérienne est parfaitement consciente de l’ampleur de l’arsenal de Kadhafi tombé entre les mains des groupes djihadistes. De l’autre côté, les généraux algériens ont toujours à l’esprit la décennie noire de la guerre civile dans les années 90 contre les islamistes armés.
Et c’est probablement en application de l’adage « on n’est jamais trop prudent » que l’armée algérienne est maintenue en état d’alerte permanent sur la frontière avec la Libye. Les généraux algériens comptaient sur le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, de convaincre son homologue égyptien Samah Chokri, pour que Le Caire ne fasse plus cavalier seul en Libye.
En attendant, les participants à la rencontre tripartite se sont contentés de souligner, dans un communiqué, « l’impératif de rejeter le recours à la violence ou de prendre toute mesure de nature à entraver le processus du règlement politique en Libye ».