Alger n’aurait pas apprécié les mises en garde espagnoles à ses ressortissants en Algérie, dans les camps de Tindouf et aux frontières de ce pays avec le Mali et la Tunisie.
Alger considérerait, en effet, ces mises en garde comme un constat de défaillance sécuritaire de l’Algérie et que cette dernière ne contrôlait pas totalement la situation dans le pays, alors qu’Alger s’apprête à organiser des élections présidentielles le 12 Décembre prochain.
Si les officiels algériens se sont abstenus de toute déclaration officielle, la gêne d’Alger ressort des commentaires de l’agence de presse APS à ce sujet qui, sous le couvert d’ONG espagnoles, dénonce les mises en garde de Madrid. La visite du ministre espagnol de l’intérieur, intervenue dans ce contexte, aurait eu pour objectif d’apaiser la colère d’Alger à ce sujet, contrairement à son collègue des affaires étrangères qui a continué à réitérer ses mises en garde à ses compatriotes. Alger obtient tout de même une concession de Madrid : son soutien aux élections présidentielles. Toutefois, Madrid avait déjà affiché cette position, en se démarquant de la résolution du parlement européen sur l’Algérie.
Le polisario a fait de même, en insinuant que la décision espagnole faisait suite au voyage au Maroc du ministre espagnol des affaires étrangères. Le polisario dénonce évidemment les mises en garde de Madrid, « à la veille de son XVème congrès » et rejette la responsabilité sur le Maroc concernant tout acte terroriste qui ciblerait les camps de Tindouf.
L’Espagne n’est pas engagée militairement, comme la France, au Sahel, mais participe à un programme européen d’entraînement des militaires maliens et au financement de projets socio-économiques, destinés au développement du Mali, du Niger et du Tchad, afin de mettre en place une bonne gouvernance et de contribuer à améliorer les conditions des populations et enfin, stopper ou atténuer l’immigration clandestine vers l’Europe, via l’Espagne.
Cependant, les analyses européennes soulignent la connivence avérée entre le polisario et les groupes islamiques armés du Sahel, qui constituent une véritable menace pour la région du Sahel et Maghreb.
La situation de crise en Algérie, institutionnelle et sociale, a quelque peu occulté momentanément la question du Sahara de son agenda, en dépit de ses discours dans les tribunes internationales. La diplomatie algérienne semble apparemment déconnectée par rapport à la réalité du pays, au plan intérieur. En s’entêtant à vouloir défendre l’autodétermination dans les tribunes internationale, pendant que les militaires font tout pour empêcher le peuple algérien, d’exercer ce droit, comparé à une petite bourgade d’environ 40.000 personnes des camps de Tindouf, les militaires ne font en fait qu’amplifier le discrédit jeté sur ces militaires, opposé à la démocratisation du système par l’immense majorité d’Algériens.
Ce contexte pourrait de toute évidence inspirer la caste du polisario à rechercher des actions susceptibles de relancer le dossier au niveau régional et international, afin de vaincre les sentiments d’indifférence, d’oubli et d’abandon de la communauté internationale. Cette probabilité existe toujours. Des attentats dans les camps, attribués aux islamistes ou au Maroc, pourquoi pas? La tentation serait grande. Regarder la lenteur avec laquelle le secrétaire général des Nations-Unies appréhende la nomination d’un nouveau représentant personnel au Sahara ! Alors que polisario semble, comme toujours, pressé ! Pressé d’avoir au moins un interlocuteur qui se consacre exclusivement à ce dossier !
Cette probabilité pourrait également arranger les militaires d’Alger car elle pourrait éclipser pour quelque temps, les élections présidentielles, qui vont avoir lieu le 12 décembre et donc réorienter les projecteurs vers les menaces sécuritaires en Algérie et dans la région, le temps de franchir ce cap, avec toutes les incertitudes et tous les risques qui l’accompagnent.