Selon des sources sécuritaires actives dans la sous-région, la CIA (centrale de renseignement extérieur américaine) aurait alerté les autorités de Guinée-Bissau sur une réunion ultra secrète organisée sur son sol à laquelle auraient pris part à la fin du mois d’Octobre plusieurs barons de la drogue colombiens, des responsables de filières logistiques, ainsi que plusieurs trafiquants opérant à Bissau et dans le corridor sahélien. Cette réunion se serait déroulée sur l’une des petites îles de l’Archipel des Bijagos, dans laquelle l’un des narcotrafiquants aurait construit une demeure au pied d’une colline.
Cette réunion au sommet, digne du scénario d’un mauvais « James Bond », aurait permis à l’axe Bogota-Bissau de passer en revue les défis qui se dressent devant les chemins logistiques de la cocaïne ainsi que de déterminer les nouveaux responsables de l’acheminement, après que plusieurs arrestations de narcotrafiquants-notamment au Mali, au Maroc et en Algérie – aient coupé une partie des ramifications d’un réseau de distribution complexe. Selon la même source, des trafiquants sahéliens- dont un certain Abdel-Karim- liés ou opérant au sein de Al Quaïda au Maghreb Islamique (AQMI) auraient pris part à cette réunion, ce qui tend à démontrer l’intérêt croissant pour le narcotrafic de la part de la franchise locale de la nébuleuse islamiste dirigée par Oussama Ben Laden. Pour Bissau, un « failed narco-state » en faillite quasi-structurelle, l’intérêt d’AQMI pour son territoire est synonyme de mauvaises nouvelles. En effet, avec une armée mal structurée et en proie à de fortes dissensions internes, l’on voit mal comment la Guinée Bissau pourrait résister à un quadrillage de son territoire par AQMI et ses nombreux groupes de soutiens et sympathisants actifs dans la région. Le fait qu’AQMI soit présente de plus en plus au sud du Sahel est également un signal d’alarme pour la communauté internationale, qui avait rechigné à financer le plan de restructuration de l’armée Bissau-guinéenne de 180 millions d’euros, versant à l’ancien président Nino Vieira (assassiné dans des circonstances troubles en mars 2009) en tout et pour tout près de deux millions de dollars. Autre sujet qui aurait été évoqué lors de la réunion des barons de la dogue avec leurs relais locaux : la mise en place de plusieurs commerces « légaux » afin de ventiler une partie des bénéfices issus du trafic de stupéfiants, tout en rendant la tâche des différents services de sécurité plus ardue en termes de lutte contre le financement et le blanchiment des fonds issus du trafic.