Algérie : les connexions secrètes du DRS avec les réseaux d’AQMI

Selon l’information rapportée par la chaîne Al Jazeera, l’homme le plus puissant de l’armée algérienne, le général major Mohamed Mediene, dit « Toufik », serait probablement dans le coma. Atteint d’un cancer, le patron du fameux DRS, les services du renseignement militaire algérien, aurait été admis d’urgence à l’hôpital militaire « Ain Naadja » d’Alger, après la détérioration de son état de santé.

L’information a été démentie par le site « tsa-algérie.com », ce dernier concédant que le général a bel et bien été hospitalisé. Mais c’est la première fois qu’un média algérien admet que le général Toufik est hospitalisé. Même si c’était pour un contrôle de routine, cela veut dire que quelque chose de sérieux est arrivée. D’autres informations donnent à penser que son état reste stationnaire, mais l’admission pour la deuxième fois en quelques semaines du général le plus énigmatique d’Algérie, ne laisse pas d’inquiéter le landerneau politique et militaire algérien. Car, la succession du tout puissant général apparaît quelque peu compliquée. Selon diverses sources, la course se limite désormais à deux noms : le général major Rachid Lallali, patron de la Direction de la documentation et de la Sécurité extérieure (DDSE), et le général Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué à la Défense. Si le premier, qui supervise en même temps les actifs de la Sonatrach à l’étranger paraît écarté d’office, le second pourrait faire un come-back remarqué, en chapeautant le tant convoité DRS. Mais l’aggravation de l’état de santé du général Toufik intervient surtout au moment où les révélations d’un ancien militaire algérien sur le massacre des sept moines de Tibéhirine, en 1996, risque d’éclabousser dangereusement le DRS et l’armée algérienne. L’ex-adjudant du DRS, Abdelkader Tigha, aujourd’hui réfugié aux Pays-Bas, est un témoin clé. Il s’apprête à faire des déclarations explosives au juge français Marc Trévidic, qui s’est déplacé à Amsterdam. Abdelkader Tigha accuse l’armée algérienne d’avoir commandité l’enlèvement des sept religieux, qui ont été par la suite décapités. Selon sa version des faits, des éléments du DRS auraient directement participé à l’enlèvement, qui devait être une opération de manipulation du GIA. Mais les choses ont dramatiquement dérapé, aboutissant au massacre des sept moins trappistes. L’avocat français des parties civiles Me Patrick Beaudoin estime, lui, que « si Tigha parle et confirme en détail ce qu’il dit savoir, avoir vu et entendu, alors ce sera un élément crucial vers la piste d’une implication directe des autorités algériennes ». Ces développements interviennent au moment où des doutes persistent sur l’existence de connexions entre le DRS et la branche d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Une liaison dangereuse que le DRS aurait entretenue pour forcer le soutien occidental à l’Algérie dans la guerre civile des années 90. Et, subsidiairement, pour servir l’agenda politique algérien dans le Maghreb et les pays du Sahel. Le cas de Abderrazak « El Para », ancien numéro 2 de l’ex-GSPC, devenu AQMI, est régulièrement cité par les spécialistes des réseaux terroristes. Ils restent perplexes devant la disparition douteuse de cet ancien « dur » du terrorisme algérien. Après son extradition du Tchad vers l’Algérie en octobre 2004, « El Para » n’a plus été revu. Aucun magistrat algérien n’a pu l’interroger. Il a finalement été condamné le 25 juin 2005 à perpétuité par contumace. Depuis, on n’entend plus parler de lui.