Pour la première fois depuis qu’ils ont pris le contrôle des principales villes du nord Mali en mars dernier, les islamistes sont défiés par la population locale. Des habitants de Gao sont parvenus hier dimanche à empêcher les hommes du MUJAO de couper la main d’un jeune homme accusé de vol.
Les islamistes du Mouvements pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest qui contrôlent la ville de Gao, avaient diffusé la veille au soir sur les ondes des radios privées de la ville un communiqué particulièrement inquiétant. Ils y annonçaient l’exécution, en vertu de la loi islamique, la charia, d’une sentence contre un homme accusé de vol à se faire couper la main. Les différents témoignages recueillis laissent penser que le condamné serait une des récentes recrues du MUJAO qui aurait été surpris en train de voler des armes pour les revendre. Le jour J, des centaines de jeunes maliens sont descendus dans les rues de Gao et se sont dirigés vers la place de l’Indépendance dans le Centre ville où devait se dérouler l’exécution de la sentence. Ils sont parvenus à faire revenir les islamistes sur leur décision et de nombreux témoins affirment avoir entendu l’hymne national du Mali chanté par plusieurs civils en signe de victoire.
Si depuis qu’ils occupent le nord du Mali, les islamistes ont multiplié les flagellations publiques contre des couples accusés de relations sexuelles illégitimes, ou contre des buveurs d’alcool ou encore des fumeurs, la radicalisation de leurs sanctions trouble les populations locales. La mise à mort récente par lapidation d’un couple non marié à Aguelhok avait beaucoup choqué les esprits, à l’intérieur du Mali comme à l’extérieur.