Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a créé la surprise en annonçant ne pas avoir l’intention de participer, ni même d’être favorable à une intervention militaire au Mali. Cette décision inattendue tranche avec la tendance qu’affichait jusque là la Mauritanie pour le recours à la force armée contre les terroristes, principalement ceux d’AQMI.
L’annonce du président mauritanien laisse d’autant plus perplexe qu’en 2010 et 2011, Nouakchott, soutenu par l’aviation française, multipliait les raids militaires préventifs contre les positions d’AQMI au Mali, principalement dans la région de Tombouctou. Et la position que la Mauritanie d’Ould Abdelaziz a désormais l’intention d’adopter n’en est pas plus claire. Le président mauritanien s’est effectivement contenté d’affirmer que son pays faisait partie de la communauté internationale et ne disposait pas seul de la solution à la crise malienne. L’argument d’une solution concertée entre Etats pour sortir le Mali de la crise apparaît également comme inapproprié. En effet, la Mauritanie a pris une décision unilatérale la veille même d’une importante réunion à Niamey des pays du champ. Les ministres des Affaires étrangères de Mauritanie, d’Algérie, du Mali et du Niger sont réunis depuis hier dans la capitale nigérienne pour discuter de la situation au Mali et des derniers développements, mais plus largement de la situation régionale sur le plan sécuritaire, en matière de lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé. La réunion de Niamey a été préparée par les précédentes rencontres de l’UFL (Unité Fusion Liaison) et du CEMOC (Comité d’états-majors Opérationnels Conjoints).
L’intervention militaire de la CEDEAO, organisation ouest-africaine à laquelle la Mauritanie n’appartient pas, est toujours bloquée par les conditions auxquelles l’organisation régionale l’a elle-même soumise. Le président intérimaire malien Dioncounda Traoré est toujours au travail pour mettre sur pied un gouvernement d’union nationale, seul à même de solliciter cette intervention. Et le Conseil de sécurité de l’ONU attend toujours des éclaircissements de la CEDEAO sur les modalités de cette opération avant de lui donner son aval.