L’algérien Nabil Makhloufi, l’un des chefs militaires d’Aqmi au Sahara, mort dimanche dans un banal accident de voiture dans le Nord du Mali, était très proche non seulement de Abdelhamid Abou Zeïd, l’un des principaux émirs d’Al Qaïda au Maghreb islamique, mais avait surtout l’oreille de l’émir de l’organisation jihadiste, Abdelmalek Droukdel lui-même.
D’après une source bien informée, le véhicule dans lequel circulait Nabil Makhloufi, alias Abou Alqma, roulait à très vive allure dans un terrain accidenté. Le 4×4 s’est renversé à quelques dizaines de kilomètres de Gao, une région du nord du Mali passée sous le contrôle des groupes islamistes depuis mars dernier. Nabil Makhloufi, un ancien militaire algérien, la quarantaine à peine, était à la tête de toute la zone saharienne. C’est la 9ème région militaire selon le découpage d’Aqmi, qui est calqué sur celui de l’armée algérienne. Son passé de « dur des durs » dans l’armée algérienne et, surtout, sa grande expérience d’artificier avec le GIA (Groupe islamique armé) dans les années 90, puis avec le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), l’ont tout naturellement propulsé à la tête des groupes d’Aqmi dans le désert. Sa prise en main des jihadistes actifs dans la zone saharienne depuis le début de l’année, a eu un rôle déterminant dans l’offensive d’Aqmi et des autres groupes jihadistes dans le nord du Mali. L’émir Abdelmalek Droukdel l’avait félicité pour avoir réussi là où ni Abdelhamid Abou Zeïd, ni l’autre chef militaire Mokhtar Ben Mokhtar n’ont pu marquer de point décisif : réconcilier les divers groupes armés qui se réclamaient d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Ce véritable tour de force a permis à Nabil Makhloufi de désamorcer les interminables querelles entre katibas sur les questions de leadership. Il a surtout mis fin aux heurts qui se produisaient sur le partage des butins tirés du commerce fructueux des otages occidentaux.
Justement, l’ascendant de Nabil Makhloufi dans la question des otages occidentaux laisse planer des inquiétudes sur le sort des détenus encore entre les mains des jihadistes.