Depuis l’arrivée de Kaïs Saïed à la présidence de la Tunisie, les observateurs des droits humains expriment de profondes préoccupations quant à la situation des droits fondamentaux dans le pays. Des arrestations arbitraires, des atteintes à la liberté d’expression, des limitations des droits des médias et des manifestations réprimées de manière excessive ont été constatées.
Des lois répressives ont été promulguées, restreignant davantage la liberté d’opinion et de rassemblement. Les organisations de défense des droits humains ont régulièrement dénoncé ces violations et appelé à un respect strict des normes internationales en matière de droits humains en Tunisie.
La grève déclenchée par les avocats tunisiens dans tous les tribunaux du pays fait suite à l’arrestation arbitraire et violente de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, dans les locaux de l’Ordre des avocats à Tunis, où elle s’était réfugiée après avoir été convoquée en justice pour des propos tenus à la télévision, signalant ainsi une préoccupation généralisée face à ces atteintes aux droits fondamentaux.
Sans avoir été auditionnée, une juge d’instruction a émis un mandat de dépôt à l’encontre de Mme Dahmani, selon son avocate, Me Dalila Msaddek, qui a déclaré que la juge avait estimé que les conditions n’étaient pas propices à une audition.
Des dizaines d’avocats ont manifesté devant le tribunal de première instance pour demander la libération immédiate de Mme Dahmani, dénonçant une « magistrature aux ordres ».
L’arrestation de Mme Dahmani fait suite à des propos tenus lors d’une émission le 7 mai, où elle avait ironiquement demandé « de quel pays extraordinaire parle-t-on? » en réaction à des affirmations sur l’immigration en Tunisie. Des vidéos et des témoignages rapportent que des policiers en civil, portant des cagoules, ont agressé des avocats et des journalistes avant d’arrêter Mme Dahmani au siège de l’Ordre des avocats à Tunis.
Selon ses avocats, Mme Dahmani est visée par une enquête pour diffusion de fausses informations portant atteinte à la sûreté publique et incitation à la haine, en vertu du décret-loi 54 promulgué en septembre 2022 par le président Kaïs Saïed.
Deux autres chroniqueurs ont également été arrêtés en vertu de ce texte, et leur détention provisoire a été prolongée de 48 heures par un juge d’instruction.
Par ailleurs, deux avocats, Mehdi Zagrouba et Nidhal Salhi ont été également arrêtés lundi soir sans que les motifs ne soient précisés.