Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, semble avoir pris un virage significatif dans ses déclarations à l’égard de la France lors d’une interview diffusée le 22 mars par les médias algériens, après plusieurs mois de tensions diplomatiques marquées par des propos virulents et le rappel de son ambassadeur à Paris. Fermement ancré dans sa position anticoloniale, Tebboune a désormais opté pour un changement notable.
Cette évolution s’explique principalement par deux facteurs majeurs : les restrictions imposées par la France sur les visas diplomatiques et l’enquête en cours concernant les biens de responsables algériens en France.
Plusieurs figures influentes du gouvernement algérien, ainsi que des hauts responsables militaires et civils, sont actuellement sous enquête pour enrichissement illicite, avec des actifs et des propriétés en France qui font l’objet d’investigations.
Le risque que ces enquêtes prennent une tournure plus sérieuse, entraînant des sanctions ou des saisies de biens, a incité le président algérien à assouplir sa position.
De surcroît, dans un contexte économique et social difficile, marqué par la fluctuation des prix des hydrocarbures et un chômage persistant, l’Algérie ne peut se permettre de rompre totalement avec ses anciens partenaires européens, notamment la France.
Confronté à de lourds défis internes, le régime algérien cherche à entretenir des relations utiles afin de stabiliser son économie.
Toutefois, ce revirement a suscité des critiques parmi les analystes et les opposants politiques. Le président Tebboune, sous influence du général Saïd Chengriha, est accusé de manquer de vision et de cohérence dans sa politique étrangère, en prenant des décisions qui semblent davantage motivées par des considérations personnelles que par une véritable stratégie à long terme.