Situation explosive en Centrafrique

Le déploiement des soldats français en Centrafrique a permis au pays d’éviter le pire. Mais la situation reste explosive et les craintes d’actes de génocide entre communautés sont plus réelles que jamais.

Les milices qui s’opposent aux anciens Séléka se renforcent chaque jour, de plus en  plus. Elles regroupent une bonne partie des soldats des ex-FACA (Forces Armées Centrafricaines). Ces derniers accusent le président de transition Michel Djotodia, soutenu par l’ancienne guérilla Séléka de mesures de représailles contre les anciens militaires de François Bozizé. Ils refusent aujourd’hui tout dialogue avec le pouvoir de transition et exigent la démission de Djotodia, sous peine de s’en prendre aux musulmans de manière générale. Mais les ex-FACA ne sont pas les seuls à nourrir des griefs contre les anciens Séléka. De plusieurs catégories de la population, ceux qui ont eu à souffrir d’abus de la part des anciens rebelles, rejoignent les milices.

Certes, leur armement est des plus rudimentaires, avec quelques kalachnikovs et lance-roquettes mais surtout des machettes et des gourdins, arcs houes, et leur nombre croissant a de quoi inquiéter. C’est l’attaque surprise et conjointe de plusieurs de ces groupes qui avait mis le feu aux poudres dans la capitale centrafricaine le 5 décembre dernier provoquant des représailles des Séléka, officiellement dissouts mais toujours actifs. Les violences avaient fait plus de 600 morts à Bangui.

Les soldats français et africains sont parvenus à rétablir un calme précaire et se contentent pour le moment de maintenir à distance les groupes armés opposés au pouvoir. Toutefois, leur présence n’empêche pas les tensions de devenir de plus en plus fortes. Avec des effectifs insuffisants, composés de 1 600 soldats français et 3 200 soldats africains, ils ne peuvent éviter les lynchages des civils par des civils, ni les actes de vengeance. Un imam réputé modéré, qui tentait de rapprocher les communautés, ainsi que son fils ont été massacrés samedi dernier à deux cents mètres  à peine des militaires français postés à l’aéroport.