Deux journalistes de la radio Alternative, dont son rédacteur en chef Albert Chaïbou, ont été interpelés mercredi, détenus quelques heures puis relâchés. Cela porte à six le nombre de journalistes arrêtés dans le pays, depuis le 25 janvier dernier.
Les deux journalistes de la radio Alternative ont été arrêtés à la suite d’un débat radiodiffusé sur la vie chère et la grève des taxis. Un participant à ce débat diffusé le 14 janvier a déclaré que « la lutte à laquelle il adhérerait serait celle où la vendeuse de beignets ou de canne-à-sucre abandonnerait son commerce pour marcher sur la Primature et la Présidence ».
Selon Albert Chaïbou, ces propos auraient été mal interprétés par les autorités comme étant un « appel à l’insurrection » et auraient poussé à leur arrestation. Cet incident serait resté un fait divers si depuis le 25 janvier, quatre autres journalistes, un opposant reconnu au pouvoir en place et un membre d’une ONG de défense des droits de l’Homme n’avaient pas également été interpelés.
L’un de ces journalistes, Soumana Idrissa Maïga, libéré récemment, est poursuivi pour complot contre la sûreté de l’Etat et recel de malfaiteurs. La raison invoquée est la publication le 17 janvier d’un article critiquant le pouvoir dans son journal « L’Enquêteur », l’unique quotidien indépendant du pays.
Dans le cadre de la répression contre les médias, le ministre de la Justice a annoncé le mois dernier la poursuite par ses services de cinq cas d’appels à la haine ethnique, à l’insurrection et au coup d’Etat proférés sur des médias locaux.
Les voix se lèvent un peu partout dans le pays pour condamner ces vagues d’arrestations, aussi bien des organisations de journalistes locales que de Reporters Sans Frontières. Les délits de presse ayant été dépénalisés dans le pays par un texte de loi de 2010, estimant que ces détentions préventives sont une violation de la loi sur la liberté de la presse.