La situation sécuritaire est toujours chaotique en Libye, où 12 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées vendredi à Benghazi (Est), par des tirs de mortiers contre un rassemblement opposé à la proposition de l’ONU de former un gouvernement d’union nationale.
L’attaque n’a pas été revendiquée, mais elle traduit l’obstination des groupes armés qui prolifèrent dans le pays à torpiller toute initiative de règlement. Cette attaque contre des civils, ferment dénoncée au niveau international, est intervenue quelques jours seulement après la percée obtenue par le médiateur onusien dans le conflit libyen, Bernardino Leon.
Après plusieurs mois de dures négociations à Skhirat, au Maroc, l’émissaire de l’ONU avait réussi à arracher un accord aux diverses parties au conflit libyen. L’accord obtenu la semaine dernière prévoit la formation d’un gouvernement d’union censé mettre un terme au désordre politique et sécuritaire qui prévaut en Libye depuis la fin du régime de Kadhafi en octobre 2011.
Bernardino Leon avait proposé la formation d’un gouvernement de 17 ministres, conduit par Fayez el-Sarraj. Mais bien que l’accord de Skhirat ait reçu l’aval des négociateurs des deux parties, il a été aussitôt rejeté sur le terrain en Libye, où l’attaque de vendredi à Benghazi en est la dramatique illustration.
Quatre ans après la chute du régime de Kadhafi, la Libye est toujours divisée entre deux autorités rivales qui revendiquent le pouvoir.
L’autorité du parlement de Tobrouk (Est), le seul reconnu par la communauté internationale, est contestée par un autre parlement siégeant à Tripoli.
Sur ce fond de désordre politique et sécuritaire est venu se greffer le danger des groupes armés, dont certains échappent à tout contrôle. C’est le cas des groupes islamistes extrémistes et, particulièrement des groupes jihadistes qui ont fait allégeance au groupe terroriste Daesh, basé en Syrie et en Irak.
Le chaos sécuritaire encourage également la prolifération des réseaux de passeurs qui essaient de faire passer des migrants à partir des côtes libyennes vers l’Europe. La traversée se fait souvent à bord de barques de fortune et se termine par la mort de nombreux migrants, comme ce qui vient d’arriver à l’Est de tripoli, où les cadavres de 43 migrants ont été rejetés par la mer samedi.