Polisario: la succession de Mohamed Abdelaziz ne pose pas de problème à l’Algérie

Le front Polisario a annoncé mardi la mort de son chef, Mohamed Abdelaziz, après près de 40 ans à la tête du mouvement séparatiste qui, avec le soutien de l’Algérie, lutte contre le Maroc pour l’indépendance de la région du Sahara occidental.

La mort de Mohamed Abdelaziz ne devrait toutefois pas avoir d’impact sur l’orientation politique du front sahraoui, qui dépend directement des services de la sécurité militaire algérienne (DRS). D’ailleurs, l’Algérie est l’unique pays à avoir décrété un deuil de huit jours après la mort du chef séparatiste, illustration de la totale inféodation du Polisario aux cercles du pouvoir à Alger.

Mohamed Abdelaziz est né en 1947 à Marrakech et y a fait ses études primaires et secondaires, où son père était militaire dans les rangs des FAR,les forces armées royales du Maroc. Le père de Mohamed Abdelaziz, Khelili Mohamed Salem Rguibi, vit encore près de Beni Mellal, une ville située à 190 km de Marrakech.

Pourtant, c’est ce même lignage qui allait empêcher Mohamed Abdelaziz de siéger au sein du premier Bureau politique du Polisario. Le congrès constitutif du Front tenu en 1973 en Mauritanie a en effet écarté Mohamed Abdelaziz à cause précisément de son lieu de naissance à Marrakech, dans le centre du Maroc, et non pas plus au Sud, au Sahara.

Il a fallu attendre la liquidation du fondateur du Polisario, El Ouali Mustapha Sayed, par les services secrets algériens en juin 1976 à Nouakchott, pour ouvrir la voie à Mohamed Abdelaziz à la tête du front sahraoui. Les généraux algériens qui ont apprécié son allégeance et sa docilité, l’ont depuis impassiblement maintenu à la tête du mouvement séparatiste jusqu’à sa mort ce 31 mai.

C’est cette relation organique entre le Polisario et l’Algérie qui fait que la succession de Mohamed Abdelaziz, mort à 69 ans, ne devrait pas poser problème. Car depuis que la maladie incurable du chef du Polisario a été confirmée il y a plusieurs mois, la hiérarchie du DRS a déjà désigné en secret son successeur, d’après les informations qui circulent dans les camps de Tindouf, le QG du Polisario en Algérie.