L’ancien chef de gouvernement, l’islamiste Abdelilah Benkirane a été chargé lundi par le Roi Mohammed VI de constituer un nouveau gouvernement, une décision qui fait suite à la victoire de sa formation politique, le Parti Justice et Développement (PJD) aux législatives de vendredi dernier.
Le parti islamiste dont Abdelilah Benkirane est le Secrétaire général, a obtenu 125 sièges, contre 102 pour son rival libéral du PAM (Parti Authenticité et Modernité). L’irrémédiable rivalité entre les deux partis avait été illustrée par les joutes virulentes qui ont émaillé leur intense campagne électorale.
Mais après le scrutin du vendredi 7 octobre, un constat s’est largement dégagé des résultats. Si la participation au vote demeure faible avec à peine 43% du nombre total d’électeurs inscrits, en revanche ces législatives ont permis l’émergence d’une bipolarité partisane évidente.
Les islamistes du PJD ont désormais face à eux les modernistes du PAM qui ont plus que doublé leur score des législatives de 2011. Mais grâce en partie à son charisme politique, Abdelilah Benkirane a conduit le PJD à la victoire et rempile désormais pour un second mandat de cinq ans à la tête de l’exécutif.
Pourtant, la joie post-électorale ne devrait pas être de longue durée, le parti islamo-conservateur devant obligatoirement s’allier avec d’autres partis afin d’obtenir la majorité des 395 sièges du Parlement. Le PJD devra réunir au moins 198 sièges nécessaires pour décrocher la majorité parlementaire.
Un objectif qui ne sera pas aisé à atteindre, puisque le parti islamiste devra rassembler 75 autres députés provenant de partis rivaux. Surtout que le PAM et le vieux parti nationaliste de l’Istiqlal ont obtenu respectivement 102 et 46 sièges.
Toutefois, contrairement au PAM qui écarte toute alliance avec le PJD, l’Istiqlal pourrait négocier son entrée au gouvernement, mais probablement au prix fort. Une perspective qui ne manquera pas de pimenter encore plus la scène politique marocaine.