Le président français Emmanuel Macron a exprimé sa « grande préoccupation » concernant la disparition de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui, selon plusieurs sources médiatiques, aurait été arrêté en Algérie. L’entourage de Macron a indiqué jeudi que « les services de l’État sont mobilisés pour éclaircir sa situation », ajoutant que le président « réaffirme son engagement inébranlable en faveur de la liberté d’un grand écrivain et intellectuel ».
Boualem Sansal, âgé de 75 ans et récemment naturalisé français, a été arrêté samedi à son arrivée à l’aéroport d’Alger en provenance de France. Les raisons de son arrestation demeurent floues. Selon l’hebdomadaire Marianne, l’écrivain n’avait plus donné de nouvelles à ses proches depuis son arrivée à Alger.
L’inquiétude a également été exprimée par plusieurs responsables politiques français, en particulier du côté de la droite et du centre-droit. L’écrivain, connu pour ses positions contre le pouvoir algérien et l’intégrisme religieux, a vu sa liberté de pensée saluée par de nombreux figures politiques. L’ex-Premier ministre Édouard Philippe a réagi sur X (anciennement Twitter) en soulignant que Sansal « incarne tout ce que nous chérissons : l’appel à la raison, à la liberté et à l’humanisme ». Il a appelé les autorités françaises et européennes à obtenir des informations précises et à permettre à l’écrivain de voyager librement, en revenant en France quand il le souhaitera. De son côté, Laurent Wauquiez, leader des députés Les Républicains, a insisté sur la nécessité d’activer « tous les moyens de pression sur l’Algérie » pour obtenir la libération de Sansal. Marine Le Pen, cheffe des députés du Rassemblement National, a également demandé au gouvernement français d’agir pour obtenir « sa libération immédiate », saluant l’écrivain comme un « combattant de la liberté et courageux opposant à l’islamisme ».
Boualem Sansal a rencontré un grand succès dès ses débuts littéraires avec son roman Le serment des barbares, qui dépeint la montée de l’intégrisme et la guerre civile sanglante qui a frappé l’Algérie dans les années 1990, faisant plus de 200 000 victimes entre 1992 et 2002.
Simultanément, un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, récemment couronné du prix Goncourt 2024 pour Houris, est également au centre d’une polémique en Algérie. Il est accusé par une victime de la guerre civile d’avoir exploité son histoire, ce qui a donné lieu à des campagnes diffamatoires contre lui, orchestrées par certains médias proches du régime algérien. Son éditeur, Gallimard, a dénoncé ces attaques et a été interdit de participation au Salon international du livre d’Alger. Dans une tribune parue jeudi dans Le Figaro, Kamel Daoud a exprimé son espoir de voir son ami Boualem Sansal revenir « très bientôt », tout en regrettant l’ « imprudence » de ce dernier d’être allé en Algérie.
Ces événements surviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, exacerbé par le soutien de Paris au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental fin juillet. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est sous contrôle effectif du Maroc, mais reste revendiqué par le groupe terroriste Front Polisario, soutenu par le gouvernement algérien.