Sans surprise, les quelque 80 chefs d’État et de gouvernement participant au sommet de deux jours entre l’Union Africaine et l’Union Européenne qui a pris fin jeudi à Abidjan, ont focalisé toute leur attention sur la question migratoire, sur fond de scandale de vente de migrants africains en tant qu’esclaves en Libye.
Le président Guinéen et président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé, a dénoncé «des faits inadmissibles, d’un autre âge», tandis que le président français Emmanuel Macron a insisté sur une plus grande «coordination pour interpeller les trafiquants et démanteler les filières, qui sont aussi liées au terrorisme et au trafic de drogue».
Mercredi, jour d’ouverture du sommet d’Abidjan, une réunion restreinte a été organisée à la demande de la France. Elle a réuni autour du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’UA, l’UE, et les dirigeants de pays européens et africains particulièrement touchés par la migration clandestine, notamment l’allemande Angela Merkel, ainsi que le Niger, le Tchad et le Maroc.
Le Président du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj, dont l’autorité est contestée en Libye, a affirmé que le nombre des migrants clandestins dans son pays dépassait 500 mille, dont 90% étaient des Africains. Il a toutefois accepté que des mesures soient prises pour «évacuer les camps identifiés dans des zones identifiées» en Libye.
Le sommet a également été marqué par le vigoureux plaidoyer du Roi Mohammed VI pour un agenda proprement africain sur la migration. « Mais nous ne pouvons pas tout faire, et surtout nous ne pouvons le faire seuls : la politique européenne en la matière devrait évoluer », a insisté le souverain marocain.
Devant un 5ème sommet UA-UE sans précédent par sa densité et la gravité du thème examiné, Mohammed VI a indiqué qu’en sa qualité de Leader de l’Union Africaine sur la Question de la Migration, il allait faire des propositions aux autres dirigeants africains. Ces propositions seront présentées lors du prochain Sommet de l’UA, avec l’objectif de développer « un véritable Agenda africain sur la Migration ».