Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, est entré dans une nouvelle épreuve de force avec l’ONU, après avoir annoncé dimanche que l’accord inter-libyen signé le 17 décembre 2015 sous l’égide des Nations unies avait expiré, ainsi que le gouvernement d’union (GNA) qui en est issu.
Ce rejet de l’accord de Skhirat, signé il y a deux ans au Maroc sous l’égide de l’ONU, permet ainsi au maréchal Haftar de déclarer ouvertement son hostilité au gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj, qu’il considère comme son ennemi juré.
Ce gouvernement basé à Tripoli et soutenu par la communauté internationale, n’a toutefois pas réussi à étendre son autorité sur le reste du pays, notamment dans l’Est de la Libye qui reste sous le contrôle de l’armée du maréchal Haftar et d’une myriade de groupes armés échappant à tout contrôle.
Le maréchal Haftar qui n’a jamais reconnu le GNA dont le mandat a été fixé à deux ans par l’accord de Skhirat, pourrait ainsi annoncer sa candidature à l’élection présidentielle qui doit être organisée courant 2018. Dans un discours prononcé dimanche dans son fief à Benghazi (Est), le controversé maréchal affirme « tous les corps issus de cet accord perdent automatiquement leur légitimité contestée dès le premier jour de leur prise de fonction ».
Les espoirs de l’ambitieux maréchal semblent toutefois aller dans le sens contraire du plan de sortie de crise parrainé par l’ONU. Trois jours avant son expiration, l’accord de Skhirat avait reçu le soutien du Conseil de sécurité. Jeudi, le Conseil a annoncé que cet accord demeurait « le seul cadre viable pour mettre fin à la crise politique en Libye », dans l’attente de la tenue d’élections en 2018.
De son côté, Ghassan Salamé, le médiateur de l’ONU en Libye a indiqué dimanche dans un communiqué que pour les Libyens, lassés par la violence, le processus politique est « la seule voie vers la stabilité et l’unité de leur pays ». Le médiateur onusien a ainsi exhorté « toutes les parties à écouter leurs voix et à s’abstenir de toute action qui pourrait menacer le processus politique » en Libye.