L’organisation des Nations-Unies a tiré la sonnette d’alarme mercredi 06 mars face à la recrudescence des conflits et de l’insécurité au Sahel.
Cette flambée d’insécurité a forcé les populations à se déplacer dans cette région où des millions de personnes sont encore sous l’impact de la crise alimentaire de 2018.
Environ 4,2 millions de personnes sont actuellement déplacées dans le Sahel, soit un million de plus qu’en 2018, en raison de l’escalade des conflits armés dans certaines régions du Mali, à travers le bassin du lac Tchad et la région de Liptako-Gourma (régions frontalières du Burkina Faso, du Mali et du Niger), a déploré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, lors de son point de presse quotidien à New York.
Selon le Bureau de la coordination humanitaire de l’ONU, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du Mali a triplé pour atteindre environ 120.000. La région du bassin du lac Tchad connaît son nombre le plus élevé de déplacements forcés avec 2,7 millions de personnes déplacées de leurs foyers, tandis qu’au Burkina Faso, plus de 100.000 personnes ont été déplacées, dont plus de la moitié depuis début 2019.
« Nous assistons à une urgence humanitaire sans précédent au Burkina Faso, où une recrudescence d’attaques armées a provoqué des déplacements internes massifs. Des milliers de familles, de jeunes enfants, d’hommes et de femmes survivent dans des conditions extrêmement difficiles, certaines dans des tentes surpeuplées et manquent de nourriture, d’eau et de soins médicaux », a déclaré, de son côté, Ursula Mueller, sous-secrétaire générale aux Affaires humanitaires et coordonnateur-adjoint des secours d’urgence des Nations-Unies.
Mme Mueller, qui vient de terminer une visite de trois jours au Burkina Faso, a estimé qu’il était « essentiel » de renforcer l’aide d’urgence en cours au Burkina et d’intensifier les efforts au Sahel en général, où l’insécurité croissante génère directement une détérioration rapide de la situation humanitaire.
La violence armée prolongée dans certaines parties du Sahel aggrave l’impact des situations d’urgence telles que l’insécurité alimentaire, la malnutrition et les épidémies, et sape les efforts visant à sortir les communautés de la vulnérabilité chronique, rappelle l’ONU.
Et d’ajouter que suite à l’impact d’une grave sécheresse qui a décimé les pâturages, le bétail et les cultures en 2018, la situation de millions de familles touchées reste fragile.
Les experts humanitaires de l’ONU prévoient que 9,5 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire critique durant la période de soudure de 2019, entre juin et août, dont 4,4 millions dans le bassin du lac Tchad.
Cette année, la communauté humanitaire demande 2,4 milliards de dollars pour aider quelque 15,3 millions de personnes au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Tchad.