Le ministre camerounais du Commerce vient de suspendre la hausse des prix des boissons de 25 à 50 F CFA (4 à 8 centimes d’euro), décidée par trois grands brasseurs du pays et dénonce la «précipitation» avec laquelle ces derniers ont agi, sans son approbation.
Cette décision ressort de la réunion de concertation organisée mercredi par le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui avait convié les associations de défense des consommateurs, les distributeurs de boissons et les brasseurs, pour discuter des conséquences de cette hausse des prix.
Les trois producteurs locaux, SABC, UCB et Guinness Cameroon, ont décidé d’augmenter le prix de leurs bouteilles de 50 francs CFA, en réponse à de nouvelles mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2019.
Mais, selon le ministre «il y a eu précipitation et erreur de méthode». «Aucun barème ne peut entrer en vigueur s’il n’a été préalablement approuvé par le ministre en charge des prix. Et cette formalité n’a pas été respectée », a-t-il poursuivi.
La mesure est prise en application de trois dispositions de la loi de finances 2019, qui crée un nouveau droit d’accise –un second, après celui sur les boissons alcoolisées en 2016– sur les matières premières importées entrant dans la fabrication des alcools, réduit de moitié l’abattement des droits d’accise sur les bières de moins de 5,5 degrés d’alcool, et modifie la base d’imposition du droit d’accise, qui ne repose plus sur le prix de vente appliqué au distributeur, mais au consommateur.
Le 29 novembre, en pleine session parlementaire consacrée à l’adoption du budget 2019, la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA), dans un courrier adressé au ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, s’inquiétait déjà des effets desdites trois mesures.
L’association des producteurs de boissons alcoolisées, qui emploie plus de 10.000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 770 milliards de FCFA en 2017, évalue l’impact moyen de ces mesures entre 70 et 115 F CFA pour une bouteille de bière coûtant 600 F CFA. Si on y ajoute la TVA à 19,25 % et le précompte de 2,2%, la charge fiscale par bouteille serait comprise entre 85,02 et 139,66 F CFA.