Le voile épais entourant les circonstances de l’enlèvement des trois espagnols en Mauritanie en novembre 2009 commence à se lever peu à peu depuis la libération de Pascual et Vilalta, faisant émerger un scénario assez éloigné des schémas qui ont été véhiculés par les médias jusque là. En effet, les deux otages qui étaient jusqu’à il ya peu entre les mains de l’émir d’Al Quaïda au Maghreb Islamique (AQMI) Mokhtar Belmokhtar,
ont fait l’objet d’un débriefing approfondi de la part des services de renseignement espagnols (CNI), où il apparaîtrait que le rôle d’un « troisième homme » aie été curieusement sous-dimensionné par les enquêteurs mauritaniens, peut être en vue de négocier un « deal »précoce qui aurait conduit à la libération de l’otage féminin Alicia Gamez le 10 mars dernier. D’intenses spéculations avaient alors vu le jour en Espagne autour d’une rançon qui aurait été versée en échange de la libération de la jeune femme, auxquelles avait répondu évasivement José Luis Rodriguez Zapatero, estimant qu’il s’agissait là de sujets à traiter par la « commission des secrets officiels ». Selon des informations fiables que « Sahel Intelligence » a pu obtenir auprès de sources sécuritaires opérant dans la région sahélienne, un troisième homme, relaxé lors du procès de Nouakchott, aurait joué un rôle clef dans l’enlèvement des trois espagnols, et sa libération aurait fait l’objet d’un accord secret visant à entériner l’accord conclu pour la libération d’Alicia Gamez. Cette dernière aurait en effet été libérée contre une rançon de 2 millions d’euros, ainsi que la promesse que Sleima E’rguibi Mohammed Ali -un militaire sahraoui d’une soixantaine d’années de la tribu des R’guibate – serait libéré lors des procès de Nouakchott. Qu’est ce qui a pu pousser AQMI à demander à ce que Sleima E’rguibi Mohammed Ali fasse l’objet d’une relaxe lors du procès de Nouakchott ? En effet, plusieurs témoignages, dont celui crucial d’un autre accusé-un conducteur de 4×4 du nom de Mohamed Jama’h Erregragui- indiquaient que Sleima était au cœur de la décision du kidnapping « au même titre qu’Omar Sahraoui ». Selon les mêmes sources, la libération de Sleima été le signal du déclenchement de la deuxième vague de négociations, qui a permis la libération des deux otages encore aux mains d’AQMI. Sleima E’rguibi Mohammed Ali aurait été reconduit vers les campements du front Polisario grâce à l’entregent de son frère, un haut gradé du mouvement qui dispute au Maroc la souveraineté du Sahara Occidental.