Depuis le versement de la rançon de près de 10 millions d’Euros versée par les espagnols en échange de leurs deux humanitaires kidnappés par la frange d’AQMI dirigée par Mokhtar Belmokhtar, plusieurs informations crédibles font part d’une lutte d’influence pour que l’émir « saharien » prenne la tête de la franchise d’Al Quaida opérant au Sahel. Il ya d’abord une raison purement opportuniste à cela, Belmokhtar est un chef de groupe riche, qui a su faire fructifier ses revenus issus du kidnapping et du trafic, et les mettre au service de la professionnalisation de son organisation. Ainsi, dès 2003, l’ancien « émir de la zone 9 » s’était particulièrement illustré en tenant à l’écart son émir Hassan Hattab lors de l’enlèvement de près de 32 touristes (majoritairement autrichiens et suisses).
Ces derniers avaient été relâchés contre le versement d’une forte rançon qui avait alors permis l’acquisition de véhicules tout terrains, de lance-roquettes et d’armes légères de tous types. Fasciné par Oussama Ben Laden-il l’aurait rencontré au Soudan en 1994 et 1995- Mokhtar Belmokhtar est un pur produit du GSPC historique, et n’a jamais vraiment servi « sous les ordres » des émirs du GSPC ou d’AQMI mais agissait plutôt comme un chef de Katiba assez autonome, qui a toujours eu une prédilection pour les vastes territoires sahariens du sud de l’Algérie et du Sahel où il se sent en sécurité. Selon des sources sécuritaires actives dans la région, le renflouement du groupe de Mokhtar Belmokhtar par la rançon récemment versée par l’Espagne pourrait avoir pour effet de faire monter en puissance son groupe, et de le pousser à revendiquer la tête d’AQMI en lieu et place d’un Abdelmalek Droudkal de moins en mois actif, et dont le rôle semble se résumer à compter les points en Belmokhtar et son rival Abdelhamid Abou Zeïd, réputé plus brutal et sanguinaire et qui aurait exécuté le français Michel Germaneau le 24 Juillet dernier( quoique des doutes sérieux subsistent, faisant état plutôt d’un décès par mort naturelle) . En tout état de cause, si Belmokhtar était porté à la tête d’AQMI, il est possible que le mouvement se scinde car il est inimaginable que Abou Zeïd accepte de servir sous les ordres de son rival. Ces évolutions seront bien entendu suivies avec attention par les services de renseignement opérant au Sahel, avides de voir une brèche s’ouvrir entre les deux émirs, ce qui leur donnerait plus de marge de manœuvre afin de repérer les zones de vulnérabilité qui se font inévitablement jour lors de dissensions dans un mouvement.