Un tableau un peu plus clair des stratégies de contrôle sécuritaires du sahel se fait jour à travers les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks, démontrant la montée en puissance du Maroc auprès des pays de l’arc sahélien, ainsi que sa volonté de se positionner en tant qu’interlocuteur central et de « transmetteur de savoir-faire », notamment dans le domaine essentiel du recueil du renseignement. Systématiquement contré par les algériens-qui voient en l’intrusion marocaine du Sahel une tentative d’empiètement sur leur terrain de chasse traditionnel- les services du Royaume chérifien tentent de se placer en tant qu’expert ès terrorisme sahélien et prodiguent aide technique, militaire et humaine.
Dans cette énième avatar de la rivalité structurelle des frères ennemis du Maghreb, l’oncle Sam occupe une place moins importante que l’on pourrait croire de prime abord, les véritables arbitrages se situant plutôt au niveau des nomenklaturas sécuritaires de pays tels que le Niger où le Mali, où les affinités semblent pencher désormais en faveur de Rabat, partenaire semble-t-il plus « à l’écoute » des attentes des « frères africains ». En termes clairs, il semblerait que les marocains capitalisent sur leur forte position économique et leurs entreprises pour renforcer les liens avec les pays brodant le Sahel, tout en demandant aux pays occidentaux d’intensifier leurs efforts en termes d’aide en direction de ces pays. Dans le cas de la transition en Mauritanie, le Maroc est à la manœuvre à travers son ministère des affaires étrangères, qui transmet aux américains b des « notes orales » de la part du Président Ould Abdelaziz, alors à la tête du Haut comité d’état et pas encore adoubé par les urnes. Autre exemple de l’influence marocaine, c’est vers le royaume Chérifien, et non l’Algérie, que se tourne le Niger lorsqu’il a besoin d’acquérir des équipements spécifiques, que l’on suppose destinés à la vision nocturne. La semaine prochaine, en exclusivité, Sahel Intelligence livrera un décodage de certains câbles diplomatique de Wikileaks concernant le Sahel, et encore inédits.