Selon l’AFP, les forces de sécurité maliennes ont procédé à l’arrestation de six trafiquants de drogue internationaux qui sont « issus des rangs du Polisario », dans le cadre d’une vaste opération coordonnée avec la Mauritanie voisine . Le chef du groupe, qui a pour nom de guerre Sultan Ould Bady , et dont l’identité serait en cours de vérification par les services maliens, serait à la tête de l’un des « trois plus gros réseaux » qui organise le trafic en direction de l’Europe en passant par le Sahara. Ould Bady serait également une grosse prise pour une autre raison : son implication dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).
Cette information vient conforter les thèses marocaines sur une éventuelle « dérive mafieuse et terroriste » du Front Indépendantiste Polisario, alors même que le Royaume Chérifien vient de connaître un épisode difficile dans sa gestion sécuritaire du Sahara Occidental suite à une évacuation de camps de contestataires sahraouis à Gdem Izik, qui a fait douze morts dans les rangs de l’armée marocaine. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a toujours nié son implication avec Al Qaïda au Maghreb Islamique ou les réseaux du narcotrafic sahélien, mais déjà la semaine dernière, des révélations issues de la fuite de documents de la diplomatie américaine « Wikileaks » à travers le journal espagnol « El Pais » avaient fait état d’une tentative d’interception d’un convoi de ravitaillement entre le Polisario et AQMI par un hélicoptère d’attaque de l’armée algérienne. La direction du front Polisario, qui conteste au Maroc la souveraineté du Sahara Occidental, n’a fait pour l’instant aucun commentaire relatif aux chefs d’accusations à l’encontre des hauts responsables de son organisation arrêtés au Mali, attendant probablement que l’enquête malienne se précise. Selon des sources sécuritaires maliennes Ould Bady se serait rendu à plusieurs reprises en Guinée Bissau ces derniers mois, en faisant probablement le mystérieux intermédiaire d’AQMI dont Sahel Intelligence a révélé la présence lors d’une réunion secrète avec des barons de la drogue latino américains sur une île de l’archipel des Bijagos. Ould Bady serait il donc le « chaînon manquant » qui confirmerait la connexion narcotrafic-AQMI contre laquelle tous les experts en sécurité mettent en garde les gouvernements de la région ?