C’est dans la plus grande discrétion qu’une équipe d’enquêteurs américains, composée d’agents de la Drug Enforcement Administration (D.E.A agence fédérale chargée de la lutte contre le trafic de drogue) et de la Central Intelligence Agency (C.I.A en charges du renseignement extérieur) est arrivée à Nouakchott ce Week-end afin d’apporter son concours aux services mauritaniens dans une enquête qui s’avère d’ores et déjà complexe, celle relative au réseau de narcotrafiquants « composé à 90% d’éléments issus des camps du Polisario » selon une source sécuritaire nigérienne citée par l’Agence France Presse.
Trois obstacles majeurs se dressent en effet devant les équipes chargées de remonter le réseau dirigé par Soultani Ould Ahmadou Ould Baddi, alias « Sleitène ». Il ya , tout d’abord, l’état physique de certains des interpellés, et Ould Baddi lui-même serait blessé à l’abdomen selon la même AFP ainsi qu’un document de la DGSE française, et ne serait pas en état de se soumettre à des interrogatoires pour le moment. En revanche, des sources bien informées font état que ses lieutenants-qui sont également des cadres du Front Polisario,-se seraient montrés très prolixes, notamment Farha Ould Hmoud Ould Maâtallah, qui serait l’un des hommes de main du chef de la police militaire du Polisario, Mohamed Ould Laâkik. La seconde difficulté à laquelle doivent faire face les enquêteurs est la pression qualifiée de « massive », exercée par l’Algérie afin que les hommes du Polisario soient relâchés « dans les plus brefs délais ». Pour cela, Alger utilise une argumentation un peu…particulière. En effet, le colonel du DRS dépêché en urgence à Nouakchott par le patron des services algériens aurait affirmé, sans sourciller que « Les membres du Polisario ont été envoyés dans ce réseau de narcotrafiquants afin de les infiltrer et établir le lien avec AQMI, les sahraouis rejetant le terrorisme ». Cet argument farfelu n’a, semble-t’il, pas convaincu les mauritaniens qui refusent de relâcher les suspects, et qui devraient même lancer une commission rogatoire internationale afin que soient gelés les avoirs en Europe de plusieurs hauts responsables du Polisario, soupçonnés de bénéficier de largesses des chefs de ce réseau de narcotrafiquants. A cet égard, la D.E.A, qui dispose de prérogatives étendues dans la recherche de fonds issus du trafic de drogue devrait établir avec les mauritaniens une cartographie des biens achetés par les dirigeants du Polisario qui seraient susceptibles de provenir du trafic de drogue dans le Sahel. Enfin, la troisième difficulté rencontrée par les équipes d’enquêteurs se rapporte au décryptage informatique d’un mystérieux ordinateur portable retrouvé lors de l’arrestation des trafiquants.