Un désengagement de mercenaires qui se fait en catimini. Des centaines de mercenaires engagés pour combattre la rébellion, continuent à fuir le front libyen en emportant sur eux tout ce qu’ils peuvent et notamment les armes qu’ils ont dévalisées des dépôts d’armement délaissés sans surveillance, par les troupes de l’ancien guide Mouammar Kadhafi elles-mêmes pourchassées par les insurgés du CNT. Emboîtant le pas aux mercenaires du Polisario qui après la capture d’un bon nombre de leurs compatriotes, ont été les premiers à quitter à la hâte le territoire libyen sans même avoir le temps de se faire payer pour leur « loyaux services » au colonel Kadhafi, c’est au tour de combattants maliens de battre en retraite. Même ceux qui avaient obtenu la nationalité libyenne pour leur engagement dans les rangs de l’armée libyenne, faisaient partie des convois des mercenaires recrutés à la mi-février, date du début des affrontements entre la rébellion et les troupes restées loyales au colonel Mouammar Kadhafi, dont le régime a été évincé du pouvoir après plus de six mois de guerre.
Les habitants de plusieurs localités du nord du Mali limitrophes des bases d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), se préparaient à accueillir leurs frères combattants à leur retour du front libyen. Les habitants de Kidal se prêtent même aux appels de collecte d’argent pour subvenir aux besoins urgents de leurs proches venant de la Libye. Des centaines de tentes ont été dressées à une trentaine de kilomètres au nord de Kidal (nord-est), chef-lieu de la région frontalière de l’Algérie. « Nous avons pris le taureau par les cornes. Au lieu de laisser (ces ex-militaires) s’évaporer dans la nature et constituer une source de danger, nous avons décidé de les accueillir avec armes et bagages pour mieux les insérer », explique un responsable au gouvernorat de Kidal sous couvert d’anonymat. Autorités, ONG et habitants se sont mobilisés pour réserver le même accueil tant aux combattants titulaires de la nationalité libyenne qu’aux mercenaires qui ont combattu aux côtés des troupes de Kadhafi. « C’est l’avenir de toute la région qui est en cause si on ne tend pas la main à ces frères de retour », rétorque un membre associatif membre du Comité d’accueil, mettant en garde que « le Sahel, aujourd’hui, est une poudrière ». Les responsables locaux craignent que les émirs d’Aqmi profitent de cette opportunité pour des recrutements parmi les combattants maliens de retour de la Libye, comme ils l’ont déjà fait avec des mercenaires du Polisario qui ne voulaient pas retourner dans les camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien. Pour les dirigeants d’Aqmi, les combattants maliens offrent non seulement l’avantage d’un bon maniement des armes de pointe, mais se distinguent aussi par leur meilleure connaissance du terrain (nord du Mali). En sus, la plupart de ces combattants sont armés et sont donc prêts à entrer en action aux côtés des djihadistes. Les émirs d’Aqmi qui n’éprouvent aucun problème d’argent puisque leurs caisses sont bien renflouées par les fortes rançons soutirées de la libération des otages occidentaux, ne peuvent être que bien gâtés.