En Libye, la France a tiré la bonne carte. En réussissant à convaincre Londres et Washington de voler au secours d’une rébellion vacillante au départ, Paris a contribué de manière décisive à la chute de Mouammar Kadhafi. Le nouveau régime triomphant lui en a publiquement exprimé reconnaissance. Ce qui permettra aux français de prendre durablement pied en Libye et, surtout, de consolider leur présence traditionnelle dans les pays francophones voisins. Pourtant, les convoitises économiques françaises en Libye ne datent pas d’aujourd’hui. En 2007 déjà, Paris accueillait Kadhafi en grandes pompes, tout en lorgnant aux énormes opportunités qu’offrait la Libye, notamment en termes de contrats dans le domaine énergétique. Ce qui alléchait plus les français, notamment le géant du nucléaire Areva, c’était le potentiel libyen en uranium.
Déjà présent au Niger où il exploite le plus grand gisement d’uranium en Afrique, le groupe français signerait un coup de maître s’il venait à concrétiser une continuité territoriale et stratégique en Libye. Il se placerait alors en maître incontesté dans l’extraction et l’exploitation d’uranium au niveau mondial. Mais les calculs de Paris pourraient être fortement concurrencés, sinon contrariés par d’autres protagonistes. A leur tête, les chinois. Ces derniers sont pour l’instant sur la défensive après avoir été accusés par le Conseil National de Transition libyen d’avoir vendu des armes à Kadhafi, en dépit de l’embargo onusien. Même si ses rapports sont momentanément brouillés avec les nouveaux maîtres de Tripoli, Pékin patientera certainement le temps qu’il faudra avant de revenir en force en Libye. Comme c’est d’ailleurs le cas partout en Afrique. Le dernier exemple de l’irrésistible incursion chinoise dans le Continent est la signature, début octobre, de deux conventions avec le Niger pour la production et la commercialisation de pétrole. Dans ce pays, les chinois ne voudraient certainement pas s’arrêter en si bon chemin.