Quatrième producteur mondial d’uranium et pourtant, le précieux minerai ne représente que 5% des recettes du budget national du Niger. C’est par ce parallèle que les autorités nigériennes ont illustré à la sortie du Conseil des ministres, la semaine dernière, le déséquilibre que le pays tire de sa collaboration avec le groupe nucléaire français Areva dans l’exploitation de l’uranium.
Cette énième revendication en quatre décennies de coopération vient rappeler à la société française le retard accusé par Areva dans la réalisation du troisième site d’exploitation du pays, à Imouraren. L’uranium est le premier produit d’exportation du Niger et son exploitation est dans sa quasi-totalité assurée par Areva qui dispose déjà de deux mines dans la région d’Arlit. La présence dans son sous-sol de cette richesse n’a jamais réellement profité au Niger qui est toujours, après 40 ans d’exploitation, parmi les pays les pauvres de la planète. La société civile et les partis d’opposition ont toujours réclamé des autorités une révision de la convention avec Areva pour garantir un meilleur profit pour la population. Des arguments auxquels le géant français du nucléaire oppose plus de 195 millions de dollars d’achat et plus de 130 autres millions en retombées fiscales qui profiteraient au pays. A pleine capacité, le site d’Imouraren devrait être la deuxième mine au monde, avec une production de 5 000 tonnes d’uranium par an. Areva explique la suspension de la réalisation de ce chantier par des raisons de sécurité après l’enlèvement de quatre de ses employés en septembre 2010.
Mais officieusement, le projet ne serait plus rentable car il requiert un investissement estimé à 1.56 milliards de dollars, alors que le nucléaire n’a plus trop la cote, notamment avec la catastrophe de Fukushima l’an dernier. En l’espace de cinq ans, le prix de la livre d’uranium est passé de 120 à 50 dollars en partie en raison de la crise.