Deux mois après les commémorations du Débarquement de Normandie, le président français Emmanuel Macron a reçu, dans le sud de la France, les chefs d’Etat et de gouvernement du Cameroun, du Gabon, des Comores, de Centrafrique, du Togo et du Maroc pour marquer le 80e anniversaire de l’opération « Dragoon », un épisode crucial de la Libération mais souvent oublié.
Lors de la cérémonie à la nécropole internationale de Boulouris-sur-Mer, Emmanuel Macron a évoqué la diversité des soldats qui ont participé à cette opération : « Officiers de l’Empire ou enfants du Sahara, natifs de la Casamance ou de Madagascar, bien qu’ils ne fussent pas de la même génération ni de la même confession, ils formaient l’armée de la nation, une armée fervente et bigarrée. »
Il a rappelé que beaucoup de ces hommes, tels que les spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais et marsouins du Pacifique, n’avaient jamais mis le pied en France métropolitaine avant d’être envoyés pour libérer le pays. « La part d’Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige », a souligné le président français, appelant à ce que les noms de ces soldats continuent d’être inscrits dans l’espace public pour préserver leur mémoire.
Le président camerounais Paul Biya a également insisté sur l’importance de la contribution des autres peuples : « Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des étrangers, et notamment des tirailleurs africains. Cette lutte a été menée ensemble pour défendre les valeurs universelles de paix et de justice. »
Le 15 août 1944, environ 100.000 soldats, principalement américains, canadiens et britanniques, ont débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250.000 Français de l’Armée « B », composée en grande partie de troupes issues des colonies françaises en Afrique, qui ont repris Toulon puis Marseille en moins de deux semaines.
Sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, l’Armée « B », qui deviendra la « Première armée », incluait 84.000 Français d’Afrique du Nord, 12.000 soldats des Forces françaises libres fidèles au général de Gaulle, 12.000 Corses, ainsi que 130.000 soldats dits « musulmans » d’Algérie et du Maroc, et 12.000 soldats de l’armée coloniale, tels que des tirailleurs sénégalais ou des marsouins du Pacifique et des Antilles.