Le régime militaire du général Saïd Chengriha a ordonné l’état d’exception en Kabylie, un territoire marqué par des aspirations autonomistes croissantes. Selon des sources locales, cette décision vise officiellement à « maintenir l’ordre et la sécurité » à l’approche de l’élection présidentielle anticipée, où le président Abdelmadjid Tebboune, candidat soutenu par l’armée, est en lice pour un nouveau mandat.
Favori des militaires, le président Tebboune est perçu par la junte comme le garant de ses intérêts.
Les mêmes sources locales rapportent également que les forces de sécurité ont été déployées en nombre dans les principales villes de la région, procédant à des perquisitions, des arrestations sans mandat, et imposant un couvre-feu strict. Les communications ont également été restreintes, avec des coupures d’Internet et de téléphonie mobile dans plusieurs zones stratégiques.
La Kabylie, culturellement distincte du reste du pays, a longtemps nourri des velléités d’autonomie. Depuis plusieurs années, les mouvements indépendantistes locaux ont gagné en popularité, dénonçant la marginalisation économique et politique imposée par le pouvoir central. Ces revendications se sont intensifiées, notamment avec des manifestations pacifiques qui se sont heurtées à une répression policière croissante.
L’Etat d’exception a été suivi de l’arrestation massive de leaders indépendantistes, de militants et de sympathisants, accusés de « menacer l’unité nationale » et de « sédition ».
Selon les observateurs, cette escalade répressive vise clairement à neutraliser toute opposition avant l’élection présidentielle, prévue dans quelques jours .
Le gouvernement en exil de Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement Provisoire Kabyle en exil (Anavad), qui a proclamé la Renaissance de l’Etat kabyle, le 20 avril devant le siège de l’ONU à New York, a toujours condamné ces actions, les qualifiant de violations flagrantes des droits humains et de crimes contre l’humanité.
Dans un appel à la communauté internationale, le président du gouvernement Kabyle exhorte à des interventions diplomatiques et à des sanctions contre le régime militaire algérien. Cet appel résonne dans plusieurs capitales étrangères, où des législateurs ont commencé à plaider pour une action internationale plus ferme.