Mardi, la ville de Port-Soudan, jusque-là épargnée par la guerre, a été ciblée pour le troisième jour consécutif par des frappes de drones. L’aéroport international, une base militaire et la principale station électrique ont été touchés, provoquant des incendies et une coupure de courant au siège provisoire du gouvernement.
Un drone a frappé la zone civile de l’aéroport, forçant la suspension de tous les vols sur ce qui reste le seul aéroport fonctionnel du pays. D’autres drones ont visé un dépôt de carburant près du port et une base militaire au cœur de la ville. Ces sites sont proches de la résidence du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, en guerre depuis avril 2023 contre les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien adjoint.
Depuis des mois, les FSR, privées d’aviation, intensifient l’usage de drones pour frapper les zones contrôlées par l’armée. Port-Soudan, devenue un refuge pour des centaines de milliers de déplacés et un centre vital pour l’aide humanitaire, subit désormais cette escalade.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé une évolution « inquiétante » qui menace les civils et l’accès humanitaire. L’armée, repoussée de Khartoum en début de conflit, avait établi son quartier général à Port-Soudan, qui abrite aussi des agences onusiennes.
Khartoum, brièvement tombée aux mains des FSR, a été reprise par l’armée fin mars. Le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis de soutenir les paramilitaires, notamment par la fourniture de drones, ce que ceux-ci nient. La Cour internationale de justice a rejeté lundi une plainte du Soudan à ce sujet, invoquant son incompétence à juger l’affaire.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et provoqué ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ». Le Soudan est aujourd’hui divisé : l’armée contrôle le centre, l’est et le nord, tandis que les FSR dominent l’ouest, en particulier le Darfour.
