Algérie : 10 ans de prison requis en appel contre l’écrivain Boualem Sansal

Le ministère public algérien a requis ce mardi dix ans de réclusion et une amende d’un million de dinars (environ 6 600 euros) contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors d’une audience devant la Cour d’appel d’Alger. Le verdict est attendu pour le 1er juillet, selon un correspondant de l’AFP présent sur place.

Condamné en première instance à cinq ans de prison le 27 mars, M. Sansal était poursuivi pour des propos tenus en octobre 2024 lors d’un entretien accordé au média français d’extrême droite Frontières. Il y évoquait notamment que l’Algérie aurait hérité, sous la colonisation française, de territoires historiquement marocains, des déclarations perçues par les autorités comme une atteinte à l’intégrité du territoire national.

L’écrivain de 80 ans, visiblement en bonne forme malgré un cancer de la prostate selon ses proches, s’est présenté sans avocat. L’audience a duré une vingtaine de minutes. Face à la magistrate, il a défendu ses propos avec fermeté : « C’est de la littérature. La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience. Cela n’a pas de sens », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que son intention n’était pas politique, mais historique : « Je parle aussi d’histoire. La France a dessiné les frontières pendant la colonisation, mais l’Union africaine les a déclarées intangibles après l’indépendance ». 

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, Boualem Sansal est depuis au centre de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Plusieurs demandes de libération ou de grâce, émanant notamment du président Emmanuel Macron, sont restées sans réponse de la part du président algérien Abdelmadjid Tebboune.