Le président érythréen Issaias Afwerki a mis en garde l’Ethiopie contre toute velléité militaire visant un accès à la mer Rouge, qualifiant ces ambitions d’ »irréfléchies ». Dans une interview diffusée samedi soir par la chaîne nationale Eri-TV, le chef d’Etat a averti qu’Asmara ne se laisserait pas surprendre : « Si l’Éthiopie pense pouvoir submerger nos forces par des vagues humaines, elle se trompe lourdement ».
Les tensions entre les deux pays sont récurrentes depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993. Une guerre frontalière meurtrière (1998-2000) avait fait des dizaines de milliers de morts. Un accord de paix signé en 2018 entre Afwerki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait laissé espérer une normalisation, vite éclipsée par le conflit du Tigré (2020-2022), où les troupes érythréennes ont combattu aux côtés de l’armée fédérale éthiopienne. Malgré un cessez-le-feu, des forces d’Asmara sont toujours présentes dans la région.
Depuis, les relations se sont dégradées. Abiy Ahmed est accusé de convoiter le port érythréen d’Assab afin de sortir son pays, enclavé et peuplé de 130 millions d’habitants, de son isolement maritime. Afwerki appelle au contraire à résoudre d’abord les crises internes de l’Éthiopie.
Fin juin, l’ONG américaine The Sentry accusait l’Erythrée de continuer à déstabiliser la région tout en reconstruisant son armée, profitant de la levée en 2018 d’un embargo sur les armes. Asmara a qualifié ces accusations d’ »infondées ».
Régime ultra-fermé, l’Erythrée est régulièrement pointée du doigt par les organisations internationales. Elle occupe la dernière place du classement mondial de la liberté de la presse en 2025, selon Reporters sans frontières, et figure parmi les pays les moins développés au monde.
